La Police Nationale a mis en place un dispositif particulier à Bobo-Dioulasso dans la nuit du 31 décembre 2024 au 1er janvier 2025. Objectif, sécuriser les fêtes de la Saint Sylvestre et du nouvel an 2025 dans la ville afin de permettre aux bobolais de fêter dans la quiétude. Au moins cinq cents (500) policiers issus de toutes les unités de la Police Nationale ont été mobilisés entre missions statiques, patrouille, gestions des cas d’accidents et interventions dans des situations d’alerte. Nous, nous avons choisi de suivre une mission de patrouille assurée par une équipe de policiers du commissariat central de Bobo-Dioulasso.
Il est 22h10 cette nuit du 31 décembre 2024 quand nous quittions le Groupement des Compagnies de sécurité républicaine (GCRS). A bord d’un véhicule pick up aux côtés d’une équipe de patrouille du commissariat central de Police de Bobo-Dioulasso, direction le centre-ville. C’est le début d’une patrouille. Et cela après un rassemblement de toutes les unités mobilisées pour la mission de sécurisation du jour.
Avant de se mettre en mouvement, les centaines de policiers rassemblés ont reçu la visite et les encouragements du gouverneur de la région des Hauts-Bassins, Mariama Konaté accompagnées d’autorités militaires, paramilitaires, administratives et locales. La première responsable de la région a exprimé le soutien de la région et des plus hautes autorités du pays à leurs missions de sécurisation quotidienne et particulièrement à celle du jour qui consiste à sécuriser les fêtes de fin d’année et du nouvel an qui s’annonce. Elle a ainsi invité les responsables de la Police Nationale sur place à veiller à ce que la mission se passe bien en usant du professionnalisme dont la Police Nationale a toujours fait montre dans ses missions quotidiennes.
Une perche tendue du gouverneur que les responsables de la Police Nationale officiant dans les Hauts-Bassins ont saisi pour donner des instructions aux éléments déployés pour éviter tout incident pendant la mission. Une mission de quelques heures certes, mais qui a l’air de quelques heures de délicatesse professionnelle. Les dernières instructions reçues, l’Adjudant de Police Ousséni Ouédraogo du commissariat central de Bobo-Dioulasso et ses hommes ont la mission de patrouiller dans le centre-ville.
Début d’une mission de patrouille avec une équipe du commissariat central de Bobo
Pendant que la circulation grouille de monde, pendant que les débits de boissons sont pleins, pendant que les impatients se donnent des accolades de meilleurs vœux pour 2025 qui s’annonce dans moins de deux heures ; toutes les unités de la Police Nationale concernées par la délicate et difficile mission du soir à l’instar de l’Adjudant Ousséni Ouédraogo et son équipe, se mettent en branle pour la quiétude des fêtards de la ville de Bobo-Dioulasso. La mission de cette équipe est claire, dissuader toute action de trouble-fête par leur présence dans tous les coins et recoins de la zone couverte par leur mission du jour.
Dans l’avancée avec l’équipe, on constate à chaque carrefour et au pied de chaque feu tricolore des équipes statiques de la Police Nationale qui dissuadent le non-respect des règles de circulation par leur présence. Certains éléments de l’équipe de patrouille qui nous embarque ne manquent pas de lancer des bonsoirs de courtoisie à leurs confrères postés. De la place de la Sitarail, on se dirige vers le marché des fruits et légumes en passant par devant le nouveau siège de la BCEAO. Les ‘’six mètres’’ et les couloirs peu éclairés sont passés au peigne fin.
A certains endroits des bonsoirs inattendus sont lancés à l’équipe de patrouille par des jeunes assis au « grin » ou dans des débits de boisson. Et c’est souvent les policiers qui lancent des bonsoirs à des citoyens fêtards pour les rassurer.
Des bonsoirs auxquels les citoyens répondent avec joie. A Accart-Ville, l’ambiance de la fête est sobre dans les zones d’habitation isolées des débits de boisson. Dans un ‘’six mètre’’ de ce quartier, un groupe isolé mais visiblement dans l’ambiance de la fête est bien installé. « Bonne année à vous », lance une voix venant du groupe. Les policiers répondent avec courtoisie avant de laisser la solide Pick Up continuer dans ses légers et incessants soubresauts dans cet endroit insoupçonné d’une présence policière.
22h34, nous voilà sur le boulevard de la révolution. Direction Est vers le centre-ville. Quelques mètres après notre évolution vers le pont d’Accart-Ville, nous croisons une équipe de la Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) également en patrouille. Un peu plus loin à la descente du pont d’Accart-Ville, une équipe de l’Unité d’Intervention Polyvalente (UIP) de la Police Nationale est postée. On aperçoit à certains endroits des éléments de la police nationale qui sensibilisent des usagers indélicats. Par des coups de klaxon, les équipes de patrouilles des différentes unités et les équipes statiques se saluent à distance souvent par des gestes sans souvent prononcer de mot.
Il est 22h53 quand nous arrivions à l’Église Centrale de l’Alliance Chrétienne de Bobo-Dioulasso. L’église est pleine à craquer pour la prière de la Saint Sylvestre. L’équipe marque une halte pour s’assurer que tout va bien. De brefs échanges avec leurs collègues postés à ce niveau permettent de prendre la température des lieux. Rien à signaler à cet endroit. La patrouille se poursuit dans les alentours du marché central de Bobo. Les éléments du Commissariat Central qui assurent la patrouille font montre d’un professionnalisme qui laissent admirer une Police Nationale proche des citoyens et au service des citoyens. Visiblement pas de faux-semblants suscités par notre présence à leurs côtés car nous tombons souvent sur certains de leurs collègues loin des regards indiscrets et des feux des projecteurs qui affichent le même comportement professionnel.
Il est 23h10. Nous sommes devant la cathédrale Notre Dame de Lourdes de Bobo-Dioulasso. Rien de spécial à signaler. Mais pas de répit pour l’Adjudant Ousséni Ouédraogo et ses hommes. La mission doit se poursuivre. Quelques coups d’accélérateurs de la Pick Up nous conduisent bientôt devant le Stade Wobi. C’est un lieu de grand rassemblement du Comité Culturel de la Génération des trois Testaments (CCGT) de Feu Hema Djafar pour un prêche. La patrouille marque une halte. Après quelques minutes d’échanges avec leurs collègues en mission statique et de sécurisation des lieux, notre Pick Up entre en mouvement vers d’autres destinations.
Quelques minutes après, nous voilà à la place wara wara, un autre coin de grand rassemblement de soutien aux autorités de la transition. La patrouille fait quelques va-et-vient sur le site pour dissuader les esprits malveillants et pour rassurer les honnêtes citoyens. Tout se passe bien. En circulation, les hommes de l’Adjudant Ouédraogo ne manquent pas d’attirer l’attention de certains usagers qui circulent avec leurs cales tendues afin de leur éviter des chutes accidentelles.
La présence de l’équipe de patrouille à place de la mairie centrale à 00h sauve des vies
A 23h26, un deuxième tour à l’église centrale de l’Alliance Chrétienne. Une petite halte dissuasive de dix (10) minutes s’invite. De là, direction, place de la mairie centrale. Il sera bientôt 00h du nouvel an. Les lieux commencent à abonder de monde. Les éléments du commissariat central prennent la direction de la rue Vicens. On aperçoit de jeunes gens qui convergent massivement vers la mairie centrale y faire la rencontre de l’an 2025. Après un détour rapide dans le quartier Koko, les patrouilleurs s’empressent de se diriger à nouveau vers la place de la mairie centrale.
A 00h00, l’équipe est sur place. Des scènes de liesse accompagnées d’acrobaties à moto se font observer sur les lieux. La présence de l’Adjudant Ouédraogo et ses hommes par des tours et détours sur les lieux calme un peu l’excitation des acrobates. Au même moment, des coups de pétards se font entendre un peu loin bien que formellement interdits. Ephémères, ces quelques coups de pétards n’ont pas donné le temps aux policiers de les localiser afin d’intervenir. Quelques minutes après 00h00, les ardeurs se calment au rassemblement de la place de la mairie centrale.
Aucun incident enregistré vraisemblablement grâce à la présence policière. Le plus dur de la soirée semble derrière les patrouilleurs notamment celui de contenir les manifestations de joie de nouvel an. Mais l’équipe ne baisse tout de même pas la garde. Elle continue de sillonner la zone couverte par leur mission aux côtés de leurs frères d’arme des autres unités qui sont, soit en mission statique soit en patrouille ou en intervention.
La seule remarque du soir est que la présence des éléments dans tous les coins et recoins de la ville a permis aux bobolais de se sentir en sécurité et de fêter dans la quiétude.
Peu avant 1h du matin, nous décidons de rompre les rangs. L’adjudant de police Ousséni Ouédraogo, chef de la mission de patrouille du commissariat central qui nous a embarqué, nous souligne en plus de notre propre constat que la patrouille s’est très bien passée dans l’ensemble et aucun incident n’a été enregistré. Pour lui, cette mission consistait à marquer la présence policière aux côtés des populations pour qu’elles puissent fêter en toute quiétude. La seule chose que le chef de mission a un peu déploré c’est les scènes d’acrobaties motorisées auxquelles les jeunes s’adonnent. Ce qui peut engendrer selon lui des accidents. Mais il reste tout de même optimiste car il espère que la présence policière va dissuader beaucoup à la commission d’actes inciviques ou qui sont de nature à gâcher la fête d’honnêtes citoyens.
Du reste, Cette mission de sécurisation de la ville par la Police Nationale aux côtés des autres corps de sécurité en cette nuit du réveillon va certainement renforcer les liens entre l’institution et les citoyens. « Bonsoir à vous » ; « Bonne année à vous » ; « Que Dieu vous protège » proférés en français ou en dioula par des citoyens pendant la mission de patrouille traduit une certaine confiance teintée d’affection de la part des populations vis-à-vis de l’institution policière. Ce renforcement des liens augure fait certainement le lit à un harmonieux tandem entre la Police Nationale et les populations dans la lutte contre l’insécurité en termes de collaboration.
Abdoulaye Tiénon/Ouest Info