Au Burkina Faso, dans la période de Décembre à Février, une vague de fraîcheur accompagnée d’un vent sec et poussiéreux occupe l’atmosphère de toutes les localités du pays. Hommes, femmes et enfants sont tous obligés de se protéger contre les caprices de ce temps communément appelé l’harmattan. A cette occasion, un petit business se développe dans tous les grands centres urbains du Burkina à l’image de Bobo-Dioulasso. Pour ce début du mois de décembre 2024, le froid est déjà là et les vendeurs de cache-nez, gants et bonnets inondent la circulation. A la rencontre de certains d’entre eux dans la matinée du mercredi 04 décembre 2024, ils sont tiraillés entre mévente et concurrence déloyale dans ce petit business périodique.
Mois de décembre à Bobo-Dioulasso rime avec vent froid, sec et poussiéreux. Si certains bobolais reconduisent leurs anciens cache-nez, gants et/ou bonnets contre ce « sale temps » communément appelé l’harmattan, certains autres se procurent de nouveaux kits de protection. Ces derniers constituent de potentiels clients pour les tenants du petit business saisonnier qu’est la vente des cache-nez, de gants, bonnets et bien d’autres.
En effet, à cette période, les alentours des feux tricolores sont inondés de petits commerçants ambulants de kits de protection contre le froid. Pendant ce mois de décembre 2024, ils sont présents à tous les coins et recoins de la ville. A la rencontre de certains d’entre eux, les plus anciens dans ce commerce ont du mal à avoir des clients année.
C’est le cas de Abdoul Malick, commerçant spécialisé dans la vente de chaussures. Depuis maintenant quelques années, il s’investit dans la vente de cache-nez et de bonnets pendant la période froide. Selon lui, cette année le marché est lent par rapport aux années antérieures les marchandises sont moins vendues cette année par rapport aux années antérieures. « La vente de cette année est différente de celle des années antérieures. Avant, on sortait à 5h du matin pour sillonner les gares afin de vendre nos produits jusqu’à une certaine heure de la journée. Actuellement le nombre de vendeurs s’est soudainement multiplié. Et certains trouvent le moyen de diminuer les prix des cache-nez et des bonnets en dessous de la normale », Abdoul Malick souligne le manque de clients pour ses kits de protection contre le froid. « Nous sommes victime d’une concurrence déloyale cette année. Cela nous empêche de nous en sortir dans la vente», dénonce le jeune vendeur qui est obligé de quitter son lieu de vente pour descendre dans la rue à la recherche de clients aux feux tricolores.
Là, il parvient tant bien que mal à écouler quelques-unes de ses marchandises contre le froid. Mais, il voit dans cette manière de vendre un inconvénient. Mais cette année, la loi du marché de ces produits ne lui donne pas autre choix. « Les feux tricolores ne sont pas un lieu où nous devons nous arrêter pour vendre nos produits. Avec cette méthode, nous mettons les acheteurs en danger. Cela les font fuir nos produits parce qu’en s’arrêtant, ils dérangent la circulation et s’exposent parfois aux accidents. Cela ne favorise pas l’écoulement normal de nos produits », explique le vendeur de cache-nez et bonnets.
Amado Zallé est un autre vendeur de marchandises similaires. Vendeur ambulant, il est spécialisé dans cette vente il y a plusieurs années. Lui-aussi vend ses produits aux pieds des panneaux Stop et des feux tricolores. Expérimenté dans le domaine, lui, parvient à tirer son épingle du jeu. « La vente des cache-nez et des bonnets est mon activité de tous les jours. Si des clients se manifestent en circulation, je leur demande de garer sur le trottoir et on discute ensuite sur les prix. Comme ça j’arrive à vendre facilement. Mais, il y a des moments où je suis obligé de faufiler entre les conducteurs de voitures et de motos pour leur présenter rapidement mes produits. Avec cette méthode, je m’expose aux accidents de circulations mais c’est juste que la situation l’impose souvent si l’on veut vraiment tirer son épingle du jeu », le jeune vendeur ambulant explique-t-il sa stratégie pour pouvoir vendre ses marchandises en circulation. Son souhait est d’avoir un point de vente fixe pour pouvoir fidéliser ses clients et pouvoir mieux se tirer d’affaire.
De carreleur à vendeur de cache-nez en cette période de l’harmattan, Abdoulaye Konaté s’en sort plutôt bien
Abdoulaye Konaté est carreleur de profession. Par manque de chantier, il s’est improvisé en vendeur de cache-nez, bonnets et gants. C’est sa première de de faire le commerce. En novice, il parvient quand même à glaner quelques sous par cette activité circonstancielle. « Malgré la lenteur du marché des cache-nez, des bonnets et des gants, j’arrive à subvenir à mes besoins avec le peu que je parviens à vendre. Avec mon métier de carreleur qui ne marche pas actuellement, je me suis mis dans cette vente en cette période de fraîcheur pour pouvoir assurer mes besoins vitaux. Je suis conscient qu’avec ce petit commerce, on ne peut pas se faire une grosse forte mais on peut subvenir à ses besoins quotidiens », Abdoulaye Konaté parvient-il à combler le manque de perspective dans son domaine de prédilection par ce petit circonstanciel de vente de kits de protection contre l’harmattan.
Abdoul Malick, Amado et Abdoulaye ne sont qu’un petit échantillon de jeunes gens qui soulage leurs quotidiens avec ce petit business saisonnier de vente de cache-nez, de bonnets, de gants pendant la période de l’harmattan à Bobo-Dioulasso. Déambulant parfois entre les engins roulants pour accoster de potentiels clients, ils perturbent parfois la circulation et mettent souvent aux risques d’accidents. Mais le jeu en vaut la chandelle pour ces jeunes bobolais résilients car il est écrit quelque part que « l’homme mangera à la sueur de son front ».
Ackim Traoré (Stagiaire)/Ouest Info