A l’occasion de l’édition 2024 de la journée mondiale du moustique qui s’est tenue le 20 août dernier, l’équipe du projet Target Malaria a organisé une série d’activités pour marquer la célébration. Au compte de ces activités, une rencontre des responsables du projet avec les professionnels des médias. L’objectif de cette rencontre est de partager des informations sur l’évolution du projet avec les journalistes pour leur implication dans la dernière phase. C’était dans la matinée du mercredi 21 août 2024 à l’Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS).
Dans le cadre de la célébration de l’édition 2024 de la journée mondiale du moustique, les responsables du projet Target Malaria ont initié une rencontre avec les professionnels des médias de la région des Hauts-Bassins.
L’objectif de cette rencontre est d’échanger avec ces derniers sur le niveau d’évolution du projet de recherche en cours depuis 2012. Un partage d’informations qui pourrait permettre à ces journalistes de pouvoir bien informer les différentes communautés sur l’intérêt du projet. Ce qui faciliterait l’adhésion de ces communautés audit projet.
A bâton rompu, le Professeur Abdoulaye Diabaté et son équipe ont échangé avec leurs interlocuteurs du jour. Il a été d’abord question de présenter à ces derniers les activités menées à l’extérieur du pays dans le cadre du projet. En effet, Abdoulaye Diabaté et ses collaborateurs ont été invités à la dernière conférence internationale dénommée TED en avril 2024 tenue à Vancouver au Canada. A cette occasion, ils ont pu présenter les activités de Target Malaria qui comptent parmi les plus grandes innovations du monde et qui sont susceptibles d’avoir un fort impact sur les communautés de la zone d’intervention du projet.
Face aux journalistes, le chercheur en chef du projet de recherche burkinabè de dimension mondiale sur le paludisme, Abdoulaye Diabaté a exprimé sa fierté. Une fierté légitime compte tenu du contexte national difficile qui n’a pu empêcher la recherche burkinabè de pouvoir faire des merveilles. Pour ce faire, il dit être reconnaissant à l’ensemble de ses collaborateurs, de sa hiérarchie et des autorités politiques qui n’ont ménagé aucun effort pour l’évolution du projet depuis 2012.
Gene drive, la phase du produit fini en attente d’être lancée
Les échanges avec les journalistes ont ouvert une brèche sur les perspectives du projet devant aboutir à une solution définitive contre le paludisme. Avant de parler de la suite du projet, le Professeur a présenté les statistiques sur le paludisme non seulement au niveau mondial mais aussi au niveau national. « Le paludisme continue d’être un problème majeur de santé publique. Chaque année, c’est environ 200 millions de personnes qui sont affectées à l’échelle mondiale avec 700 000 cas de décès. Au Burkina Faso, c’est environ 10 millions de personnes qui sont affectées par an avec environ 5000 cas de décès par an. Ce qui est malheureux au 21ème siècle », Abdoulaye Diabaté met-il ses hôtes du jour face aux statistiques sur le paludisme.
Des statistiques inquiétantes que le produit fini du chercheur burkinabè entend inverser. En effet, le projet Target Malaria est structuré en trois (03) étapes. Il y a eu la première phase qui a consisté à mettre en place le moustique mâle stérile. La deuxième étape concerne le moustique mâle biaisé sans impulsion génétique. Lorsque ce mâle s’accouple avec la femelle vecteur du paludisme, on a 95% mâles et 5% de femelles. Les échanges ont permis aux journalistes de comprendre que le projet du Professeur Abdoulaye Diabaté est à cette deuxième phase.
Il les a rassurés que le dispositif pour le début de la troisième et dernière phase est déjà prêt. Il s’agit du moustique Gene drive, produit fini du projet. Mais pour le lancement de cette dernière phase, le scientifique donne des précisions. « La technologie est déjà prête pour le Gene drive. Mais il n’y a pas seulement que l’aspect scientifique et technique à considérer. Il y a également d’autres aspects comme la communication pour que les communautés aient une très bonne compréhension de ce que nous faisons afin d’obtenir une licence sociale pour opérer. Il y a aussi la question transfrontalière. Avec le Gene drive, quand on lâche les moustiques, ils peuvent se retrouver ailleurs hors de nos frontières. Nous travaillons donc à être en collaboration avec nos collègues d’autres pays et les organismes de régulation afin d’harmoniser les pratiques. Il faudra donc encore attendre 4 à 5 ans pour y arriver », explique-t-il la suite de Target Malaria.
Ce dernier promet qu’à terme, le projet permettra de lutter efficacement contre le paludisme. Professeur Abdoulaye Diabaté invite donc les journalistes à s’impliquer pour que les communautés comprennent et s’approprient le projet. Ainsi, pourra-t-il s’appliquer sur le terrain pour atteindre le résultat final qui est l’éradication du paludisme au Burkina Faso et au-delà.
Abdoulaye Tiénon/Ouest Info
