Ce lundi 3 juin, le bras de fer entre les généraux au pouvoir au Soudan et la contestation a pris une tournure sanglante lundi avec la dispersion dans la violence du « sit-in » des manifestants à Khartoum. Une opération qui a fait de nombreux morts selon un comité de médecins.
De nombreuses scènes de chaos ce matin. Et les forces de sécurité positionnées sur plusieurs axes ont pénétré à l’intérieur du sit-in. L’opération a été menée principalement par les RPF (Regional protection force), la milice paramilitaire de Mohammed Hamdan Dagalo, surnommé Hemetti, le numéro 2 de la junte. Le porte-parole du Conseil militaire a déclaré que les forces soudanaises n’avaient pas dispersé le sit-in lui-même, mais avaient visé une zone voisine devenue une menace pour les citoyens.
Pourtant, c’est clairement le cœur de la révolution, ce campement de fortune créé de toute pièce et où vivent des milliers de Soudanais en attendant un pouvoir civil qui a bien été visé. Les soldats ont tiré à balles réelles sur les manifestants, les ont frappés à coup de bâtons provoquant la panique. Des flaques de sang jonchent le sol. Des tentes ont été incendiées tandis que les protestataires fuyaient en courant, ramassant au passage les victimes et les transportant dans les hôpitaux de campagne ouverts en plusieurs endroits du sit-in. Selon la contestation, les lieux ont été totalement évacués.
Plusieurs morts
La ville est pleine de patrouilles. Difficile si ce n’est impossible de circuler dans certains quartiers. L’Association des professionnels soudanais (APS) a demandé à plusieurs ONG comme Médecins sans frontières (MSF), le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de venir en aide aux médecins du sit-in submergé. Le Comité des médecins parle de 9 morts, une source médicale du sit-in parle de 14 morts. Les soldats ont également, selon des sources médicales, tiré à l’intérieur d’au moins un établissement de santé.
L’Association a aussi demandé aux gens de bloquer les routes, les ponts, de protéger la révolution, pacifiquement, et ce dans tout le pays et aussi de se mettre en grève générale. L’aviation civile a été une des premières corporations à suivre le mouvement. Le trafic aérien est donc très perturbé ce matin à l’aéroport. Le Conseil militaire sera tenu pour responsable, a indiqué l’APS, qui appelle à une campagne de désobéissance civile. Des habitants ont dressé des barricades en divers endroits de Khartoum, paralysant certaines zones, complètement désertes d’ailleurs avec les magasins fermés. Khartoum est devenue une ville fantôme.
Cela fait plusieurs jours qu’on pressentait une telle attaque. Il y a eu plusieurs fusillades la semaine dernière, notamment dans le quartier de Nile Street, faisant au moins trois morts et des dizaines de blessés. Les chefs du Conseil militaire avaient déclaré que le sit-in était devenu un danger pour le pays. Et les civils répondaient, eux, que les soldats cherchaient simplement une excuse pour démanteler le cœur de leur révolte. C’est peut-être ce qui est en train de se jouer ce lundi.
Nous étions réunis d’une manière pacifique sur la place du rassemblement. À l’aube, vers six heures, nous avons été surpris par l’assaut d’une force militaire importante qui nous a attaqués pour casser notre rassemblent. Les membres de cette force ont effectué des tirs nourris dans tous les sens. Ils ont frappé les manifestants et ont tout brûlé. Ils ont aussi arrêté des manifestants. Actuellement, il y a des échauffourées entre les forces de l’ordre et les manifestants. Les routes principales qui mènent au cœur de la capitale sont fermées.
Source RFI