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Sidiki Ouattara : L’ingénieur agronome qui choisit une carrière de photographe

La photographie bobolaise est foisonnante de passionnés du métier. La passion de certains de ces professionnels s’est aiguisée après leur arrivée dans la profession par hasard ou par manque de meilleures perspectives professionnelles. Mais Sidiki Ouattara est un passionné convaincu de la photographie.  Il n’exerce pas ce métier à défaut de mieux. Il l’exerce plutôt par amour sinon par passion. Ingénieur agronome, il a décidé de consacrer une bonne partie de sa vie à la photographie. Portrait d’un photographe professionnel diplômé de Bac+5.

Ingénieur de développement rural formé à l’Institut de Développement Rural (IDR) de l’Université Nazi Boni (UNB), il pouvait bien se faire une vie de fonctionnaire ou de salarié bien rémunéré. Il pouvait aussi entreprendre dans les métiers du monde rural. Mais il a choisi de faire carrière dans la photographie. Sidiki Ouattara, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est tombé amoureux de la photographie depuis son âge adolescent. Ses premières photos de carrière remontent à 1998 alors qu’il n’était encore que collégien de 14 ans.

En effet, Sidiki Ouattara s’improvisait en photographe pendant les activités parascolaires notamment les kermesses, les sorties et les activités socioculturelles. Petit à petit, les clichés photos deviennent les compagnons quotidiens du jeune collégien. Il parvient à créer une sorte de tandem harmonieux entre ses activités photographiques et ses études. Pas de favori entre les deux cordes de son arc. Au fur et à mesure qu’il pratiquait la photographie, sa passion pour ce métier s’aiguisait davantage. A son âge adulte, il décide de se professionnaliser alors qu’il était encore lycéen. Il s’invite aux évènements festifs comme photographe-caméraman avec de très petits moyens. Le jeune garçon calme et poli parvient à nouer un lien de confiance avec certains de ses premiers clients. Il encaisse ses premiers revenus de carrière de photographe. Il est alors élève entrepreneur à une époque où son âge était celui des folies jeunesse.

Sidiki Ouattara, l’ingénieur agronome qui choisit une carrière de photographe

Né d’un père burkinabè et d’une mère ivoirienne, Sidiki Ouattara était comme en avance sur son époque. Malgré l’opposition de son père à la photographie, il prend son indépendance et se prend en charge avec les revenus de ses activités photographiques. Au même moment, le jeune élève entrepreneur se laisse séduire par les arts martiaux. Il s’inscrit à la pratique du Taekwondo. Très vite, l’ivoiro-burkinabè se distingue dans cette discipline sportive et s’illustre brillamment pendant les compétitions. En classe de terminale, le garçon ambitieux se retrouve avec au moins trois (03) cordes à son arc. Jeune et inexpérimenté, il lui est difficile de bien concilier ses trois centres d’intérêt. L’élève photographe perd un tout petit peu les pédales et ses études prennent un coup. Il ne parvient pas à obtenir le baccalauréat à sa première fois en Terminale. Bien que gagnant déjà sa vie dans la photographie, il ne baisse pas les bras face à cet échec. Il revient à la charge l’année suivante mais sans succès.

Un photographe chef de famille à la conquête de diplômes universitaires

Homme de défi, Sidiki Ouattara n’abandonne pas les études. Il exerce son métier de photographe, pratique le Taekwondo et continue de titiller le Baccalauréat. Sidiki Ouattara finit par briser le signe indien en 2008 où il décroche le Baccalauréat série D avec brio. Alors qu’il est en plein dans la photographie et dans la pratique du Taekwondo, il décide de poursuivre les études. Il est admis en Sciences Biologiques à l’Université Polytechnique de Bobo-Dioulasso (UPB) devenue Université Nazi Boni (UNB) en mai 2017. Il est déjà chef de famille. Le photographe doit travailler pour mettre sa famille à l’abri du besoin et continuer à pratiquer le Taekwondo qui lui était déjà chevillé au corps. Il doit aussi être assidu aux cours à l’université car c’était encore le système universitaire classique où la présence des étudiants aux cours était une exigence.

Sidiki Ouattara s’organise. Ses journées sont désormais partagées entre ses cours à l’université, l’exécution des commandes de photos et le Taekwondo. Malgré tout, il tient le coup à l’université. Il transforme d’ailleurs les difficultés du campus en opportunité professionnelle. Il devient le photographe de la plupart des étudiants de sa promotion qu’ils soient de la même filière que lui ou pas. Il prend ainsi part à presque toutes les sorties détentes des étudiants de l’université en tant participant et photographe. Il crée une bonne ambiance au sein de sa promotion universitaire. Par sa simplicité et sa sympathie, l’ivoiro-burkinabè enregistre un important capital de considération auprès de ses camarades étudiants dont un est ministre dans l’actuel gouvernement de la transition.

Ayant bien pris ses marques dans le milieu estudiantin, Sidiki Ouattara reprend bien goût aux études. Il valide avec brio les deux premières années universitaires. Il remplit les conditions pour prendre part au test d’inscription à l’Institut de Développement Rural (IDR) de l’Université Polytechnique d’alors. Il est admis au test de sélection. Désormais bien aguerri dans la maîtrise de son temps entre études, métier de photographe et pratique des arts martiaux, l’étudiant atypique ne lâche rien. Après deux (02) ans de formation, il sort Ingénieur de Développement Rural, l’équivalent d’un master (Bac+5) dans certains domaines de formation universitaire. Il est aussi fait ceinture noir 4ème dan en Taekwondo. L’homme au visage toujours souriant est ainsi face à plusieurs compétences et capacités professionnelles à exploiter.

Sidiki Ouattara, un photographe polyvalent

Au lieu de faire un choix, Sidiki Ouattara joue toutes les cartes professionnelles qu’il tient en main. Photographe, il exploite aussi de manière autonome sa qualification de spécialiste de vulgarisation agricole. Après son diplôme d’ingénieur, il fait un stage à la SNV. Son talent de photographe est mis à profit au sein de cette organisation. Pendant son stage, il assurait toutes les tâches liées aux besoins en photos de l’institution. Après cette brève expérience, le photographe intellectuel intervient de manière ponctuelle dans son domaine de formation universitaire. Ce qui lui a permis d’être aujourd’hui consultant junior pour le projet d’appui aux filières mangue et anacarde.

Excellent pratiquant de Taekwondo depuis plusieurs années, Sidiki Ouattara a aujourd’hui un lourd background dans le domaine des arts martiaux en particulier et du sport en général. Il est actuellement encadreur sportif et maitre de Taekwondo. Il a formé plusieurs pratiquants du Taekwondo qui sont eux-aussi devenus des maitres formateurs en la matière. L’ivoiro-burkinabè est aussi coach en Tae Pawer fit qui est une méthode d’entrainement combinant plusieurs arts martiaux notamment le Taekwondo, le Karaté et la Boxe ; le tout rythmé par une musique sous forme d’aérobic. Le photographe au profil polyvalent est également encadreur en Jujitsu, un art martial de self-défense. La renommée du photographe et ingénieur agronome Sidiki Ouattara lui ouvre les portes de l’ONATEL/Bobo ; pas comme travailleur ou employé mais comme directeur technique du club de Taekwondo AS ONATEL. Il est co-organisateur d’un stage international de Jujitsu qui se tient à Ouagadougou du 12 au 15 septembre 2024. L’objectif est de donner l’occasion aux professionnels et aux sympathisants des arts martiaux de pouvoir s’initier sur une courte période.

Ces autres casquettes ne font guère oublier au quadragénaire sa passion qui est la photographie. Mieux, il met son métier de photographe au service de ses compétences parallèles. Ainsi l’homme tire ses principales sources de revenus de la photographie qu’il aime tant. Pour lui, c’est un métier qui nourrit son homme comme tout autre. Père de cinq (05) enfants, Sidiki Ouattara arrive à subvenir convenablement aux besoins de sa famille grâce à la photographie. Après plus de deux décennies d’expériences, le photographe nourrit un rêve pour la suite de sa carrière.

Sidiki Ouattara veut devenir photographe naturaliste

Bien que la photographie classique nourrisse bien son homme au Burkina Faso, Sidiki Ouattara veut faire la photographie autrement. Il entend quitter la pratique classique du métier. Il veut se spécialiser. Etre photographe naturaliste est son plus gros rêve. Il est conscient des défis qui l’attendent sur ce terrain. Mais il est tout de même optimiste. Pour lui, cette spécialité de la photographie qui s’intéresse à la flore ; à la faune ; aux paysages ruraux, littoraux, de montagnes ; bref à la nature est peu intéressante sous nos cieux. Malgré cette réalité, le photographe passionné veut cultiver l’amour des clichés sur la nature au Burkina Faso. C’est une manière pour lui de contribuer à la réinvention du métier de photographe qui est concurrencé par les outils numériques dans le pays.

La photographie classique formelle ou informelle nourrit toujours son homme certes, mais elle est sérieusement menacée selon Sidiki Ouattara. Il illustre cela par une anecdote professionnelle. « J’ai une fois reçu une commande de photos pour une cérémonie de passation de charge. C’est le directeur sortant qui avait lancé la commande. Le jour de la passation, le directeur entrant ne voulait pas me laisser faire les photos. Il a fait savoir que ce n’était pas la peine car il avait un téléphone I phone qui pouvait faire de belles photos. Mais le directeur sortant a insisté pour que je fasse les photos. A la fin de la cérémonie, le directeur installé était déçu des photos de son téléphone I phone. Il était obligé de se tourner vers moi pour avoir des photos. Des photos qu’il a d’ailleurs très bien appréciées. Je raconte cette anecdote pour dire à quel point le métier de photographe classique est menacé par les outils numériques », le photographe intellectuel raconte-t-il comment les appareils numériques défient le métier de photographe professionnel classique.

Pourtant, souligne Sidiki Ouattara, il ne s’agit pas seulement d’avoir un appareil numérique performant pour être automatiquement un photographe. Il estime que la photographie est un art, un métier qui s’apprend comme tout autre. Il pense que les photographes professionnels doivent travailler à organiser et à réinventer leur métier pour éviter les intrusions dans la profession. C’est dans cette dynamique que le photographe diplômé entend se spécialiser en photographie de la nature et pouvoir exporter les œuvres de son talent photographique. Il est convaincu que les photos sur la nature relèvent d’une création intellectuelle. « Les photos sur la nature sont des œuvres de création intellectuelle. C’est pourquoi, vous verrez que les photographes signent leurs photos. De la manière dont on écrit un test pour raconter un fait ou une histoire, c’est de cette même manière que le photographe aussi peut utiliser des clichés pour raconter une histoire sans écrire un seul mot. Ici au Burkina Faso, nous avons beaucoup de sites touristiques et culturels qui ne sont pas suffisamment valorisés. Je compte donc être photographe naturaliste pour mieux promouvoir ces sites. Avec ces clichés, je peux prendre part aux foires internationales d’exposition de photos. Je veux quitter la photographie classique pour être photographe naturaliste. C’est une manière pour moi de mieux vivre ma passion. C’est aussi une manière pour moi de contribuer à porter la photographie burkinabè à un autre niveau », Sidiki Ouattara rêve-t-il de spécialisation en photographie.

Sidiki Ouattara : humble, courtois et serviable mais d’une curiosité maladive

D’apparence, Sidiki Ouattara ne présente aucun signe d’une personne polyvalente. Seul son style vestimentaire peut laisser transparaitre son côté sportif. Il aime s’habiller en survêtement accompagné de baskets ou de chaussures qui en ont l’apparence. Au premier abord, il dégage une politesse et une courtoisie irréprochables. Plonger dans son environnement professionnel et social à son sujet ne peut que vous laisser faire de lui l’image d’un homme aux qualités et valeurs humaines remarquables. Tous sont unanime sur l’humilité, la courtoisie, la fidélité en amitié et la gentillesse de l’homme aux multiples casquettes professionnelles. Du côté de son métier de photographe, la rigueur, l’honnêteté, l’amour du travail bien fait, lui sont attribués par ses confrères photographes.

Noumoukié Kaba, ami d’enfance de Sidiki Ouattara

Son péché mignon est la curiosité sans limite. Une curiosité excessive qui pousse parfois Sidiki Ouattara à tutoyer le danger. Un ‘’joli défaut’’ que lui reconnait Noumoutié Kaba, un de ses amis d’enfance. « Sidiki est d’une curiosité maladive. Quand on lui dit de ne pas faire quelque chose, il le fait pour voir ce que ça va donner. Pour la petite histoire, il a insisté pour être photographe malgré que son père y était opposé. Ce dernier voulait qu’il laisse la photographie pour se concentrer sur les études. Voilà qu’il a insisté et aujourd’hui, il a eu les diplômes et il gagne bien sa vie dans la photographie », l’ami d’enfance de Sidiki témoigne-t-il sur curiosité.

Noumoutié Kaba reconnait par ailleurs que son ami Sidiki est un homme sociable. Sa capacité à gérer les hommes tendent à faire de lui un bon gestionnaire de ressources humaines de fait. « Il gère un club de Taekwondo qui regroupe environ 200 personnes et tout marche bien. Je pense que ce n’est pas donné à n’importe qui de pouvoir le faire », ajoute l’ami de longue date de Sidiki. Il conclu en faisant savoir que le photographe quadragénaire est un professionnel rigoureux qui ne fait pas d’amalgame entre le social et le professionnel.

Un témoignage qui concorde avec celui de Soumaïla Drabo, un autre ami de Sidiki Ouattara qui est lui-aussi photographe professionnel. « Sidiki est vraiment amoureux de la photographie. Malgré ses diplômes, il refuse de faire autre chose. Il cherche toujours à innover et à aller de l’avant dans son métier de photographe. Il investit beaucoup d’argent dans l’acquisition des appareils. J’ai commencé la photographie avant lui mais aujourd’hui, il est plus équipé que moi en termes de matériel de travail. Et ce sont des appareils professionnels de dernière génération qu’il possède. Ce qu’il y a de particulier chez Sidiki en tant que photographe, c’est sa capacité à archiver tout ce qu’il fait comme photos. Il a des photos archives qui valent 20 ans. Ce qui est rare chez beaucoup de photographes comme moi », témoigne Soumaïla Drabo sur les qualités professionnelles de son ami Sidiki Ouattara.

Soumaïla Drabo ne cache toutefois pas sa fierté d’avoir le photographe ingénieur agronome comme ami. Il lui sait très gentil et surtout serviable. Il a aussi des principes de vie et ne tolère pas certains comportements. « Sidiki est très serviable. Quand je suis dans le besoin, il me prête ses appareils et je peux souvent faire des semaines avant de les lui ramener. Dans notre cercle de photographe ici à Bobo, rares sont ceux-là qui peuvent lui reprocher quelque chose. Ce qu’il déteste par contre c’est le mensonge et la trahison », Soumaïla Drabo lève-t-il un coin de voile sur les valeurs humaines et principes qui caractérisent la vie du passionné de photographie.

Moukaïlou Sougué, disciple de Sidiki Ouattara en Taekwondo

Moukaïlou Sougué connait Sidiki Ouattara il y a plus de 15 ans. Il est aujourd’hui maitre-formateur de Taekwondo. Sidiki Ouattara est son maitre, celui-là qui lui a mis les pieds à l’étrier de l’art martial. Il ne manque pas d’éloges sur celui qu’il considère comme son père. « C’est un maitre patient qui a la maitrise de soi. Il est photographe et il pratique aussi le Taekwondo. Il fait les deux à la fois et je trouve qu’il est très dynamique. Sur le plan social, c’est un homme courtois et simple de vie et de caractère. C’est un grand homme car il ne trahit jamais et il est toujours présent quand on a besoin de lui. Personnellement, il est comme un père pour moi car c’est lui qui m’a formé en Taekwondo depuis mon jeune âge. Aujourd’hui je suis ceinture noire 4ème dan comme lui. Ce qui caractérise aussi l’homme, c’est son franc-parler », Moukaïlou Sougué résume-t-il son maitre Sidiki Ouattara.

Par sa passion pour la photographie, Sidiki Ouattara a brisé à sa manière les habitudes de l’univers des diplômés à Bobo-Dioulasso en particulier et au Burkina Faso en général. Pour mieux vivre sa passion, il a préféré mettre entre parenthèses son diplôme d’ingénieur agronome qui pouvait lui offrir une vie plus confortable. Son choix de vie professionnelle traduit bien la pensée du philosophe chinois Confucius qui conseille ceci : « choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie ».  Et entre Sidiki Ouattara et la photographie, c’est une histoire d’amour inconditionnel. L’homme n’aura donc pas à travailler un seul instant de sa vie tant qu’il pratiquera la photographie avec la passion que l’on lui connait.

Abdoulaye Tiénon /Ouest Info

La rédaction
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Ouest Info est un média en ligne basé à Bobo-Dioulasso dans la région de l’Ouest du Burkina Faso.

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