spot_img
spot_img
spot_img

Sécurité routière : A Bobo-Dioulasso, ça roule toujours à moto « têtes nues »

Dans le cadre de la lutte contre l’insécurité routière, le gouvernement du Burkina Faso a imposé aux commerçants la vente des motos avec des casques depuis janvier 2024. C’est ainsi qu’il a pris une mesure de port obligatoire de casques à compter de janvier 2025 pour tous les usagers qui ont acquis des motos à partir de janvier 2024. Invite a aussi été faite aux autres usagers d’engins à deux (02) roues acquis avant 2024 d’en porter. L’objectif de cette mesure est de réduire les risques de décès et de traumatisme crânien dans les accidents de circulation. Nous sommes en février 2025, si la mesure de port obligatoire de casques entrée en vigueur le 1er janvier 2025 est scrupuleusement observée par quelques usagers d’engins à deux (02) roues, beaucoup d’autres bobolais roulent encore les têtes nues. Les vendeurs de casques qui espéraient faire de bonnes affaires sont, à la limite, désenchantés. Un constat fait par une équipe de Ouest Info qui a investi des carrefours des carrefours de la ville à cet effet.

Dans une publication sur sa page Facebook le 5 novembre 2024, le ministère de la sécurité a annoncé le port obligatoire du casque à partir de janvier 2025. Près de deux (02) mois après l’entrée en vigueur de cette mesure, beaucoup de bobolais ont du mal à s’y conformer. Il est 11h au rond-point Thomas Sankara ex rond-point Blaise-Kadhafi ce lundi matin.

Elle s’arrête au feu rouge. A notre bonjour, elle répond par un hochement de la tête. « Nous sommes des journalistes. Pouvez-vous nous accorder une minute pour des échanges sur le port du casque », lui avons-nous lancé. Hésitante au début, elle finit par quitter la chaussée après s’être rassurée. Avant elle, nos tentatives d’arracher ne serait-ce qu’un mot de la part des quelques citoyens qui portent des casques furent vaines.

Le nom de l’usagère d’engin à deux (02) roues qui se décide à se prêter à notre micro est Assiétou Dao, employée de commerce. Dans les échanges, nous comprenons qu’elle porte régulièrement son casque depuis maintenant quelques mois.

Elle n’hésite pas à nous dire comment elle a intégré le port du casque dans ses habitudes de circulation routière. « J’ai un casque depuis l’achat de ma moto il y a de cela cinq (05) ans.  Mais je ne le portais pas régulièrement. Mais avec la décision du port obligatoire du casque annoncé pour janvier 2025, j’ai commencé à le porter depuis le mois de décembre 2024.   J’avoue que le casque m’aide beaucoup surtout que je travaille dans un magasin situé au secteur 21 alors que moi j’habite au 24. Je dois parcourir une longue distance chaque matin et soir », Assiétou Dao se réjouit des bienfaits du casque qui est désormais son compagnon de tous les jours en circulation.

« Il faut que les gens comprennent qu’il n’y a pas de tête remplaçable »

Samira Yago

Étudiante en Master de gestion des projets, Samira Yago porte régulièrement son casque lorsqu’elle est en circulation. Cette pratique a intégré son quotidien depuis maintenant plus d’un an. Sa décision de port du casque a d’abord été personnelle car elle estime que cette pratique est une nécessité vitale. Un choix personnel qui aura consolidé les messages de sensibilisation dans les médias et aussi par la décision du port obligatoire. « Je porte le casque pour protéger ma tête en cas d’accident de circulation. Le casque me protège également contre le vent et les insectes qui peuvent s’introduire dans mes yeux quand je circule. Je porte le casque depuis maintenant trois (03) ans mais ce n’était pas de façon régulière. C’est avec la décision du port obligatoire et des vidéos de graves d’accidents qui passent souvent à la télévision que j’ai commencé à porter sérieusement mon casque. Depuis maintenant une année, je ne monte plus sur une moto sans mon casque », l’étudiante se montre-t-elle désormais intransigeante sur la question du port du casque en circulation.

Pour Samira Yago, le gouvernement devrait prendre des mesures plus concrètes afin d’obliger tous les motocyclistes à porter les casques car, poursuit-elle, « la majeure partie des motocyclistes continuent à circuler à Bobo-Dioulasso sans leurs casques et ils ne sont pas inquiétés ».

Razak Zerbo est stagiaire dans une banque de la place. Toujours fidèle à son casque, il estime que le port du casque est un geste simple qui sauve des vies. Pour lui, aucun usager d’engin à deux (02) roues ne devrait attendre des mesures d’obligation avant de porter un casque en circulation.

C’est un geste nécessaire qui devrait résulter d’une décision personnelle. « Quand on est conscient du danger, on fait tout pour l’éviter sans que personne ne nous y oblige. Il faut que les gens comprennent qu’il n’y a pas de tête remplaçable. Lorsque ta tête cogne le goudron ou prend tout autre choc lors d’un accident et se brise, c’est imparable et c’est la fin. On ne peut remplacer une tête brisée », conseille Razak Zerbo.

Sur la question du coût élevé des casques, Razak Zerbo pense que si une personne est capable d’acheter une moto, la même personne est capable d’acheter un casque de sécurité « peu importe le coût ».

Razack Zerbo

Ces quelques usagers qui portent le casque de sécurité à Bobo-Dioulasso sont un échantillon du petit lot de bobolais qui sécurisent leurs têtes en circulation. A côté de ces quelques usagers modèles en matière de circulation routière, qui arborent leurs caques, beaucoup d’autres bobolais roulent leurs motos sans casques. Pendant notre reportage, il nous a été difficile d’arracher un mot de ceux qui continuent de rouler leurs motos les « têtes nues ».

Beaucoup n’ont pas souhaité se prononcer sur leur comportement à risque en matière de circulation routière. Mais en off, certains nous ont confié que c’est parce qu’ils ne disposent pas de casques qu’ils n’en portent pas pour le moment. Et certains autres d’indexer les prix des casques qui sont hors de portée. Du côté des vendeurs de casques, les clients se font rares.

Les vendeurs de casques désenchantés

Avec la mesure du port obligatoire de casques, certains commerçants s’étaient lancés dans la vente des casques avec l’assurance de voir les clients se bousculer. Dans les magasins, aux abords des grandes voies ou au niveau des feux tricolores, des vendeurs de casques sont positionnés un peu partout dans la ville de Bobo-Dioulasso. Certains accostent les usagers au feu rouge pour leur proposer des casques pour toutes les bourses. Mais, difficile pour certains de ces vendeurs circonstanciels d’avoir au moins un client par jour. Ils sont pour la plupart désabusés car les clients se font rares.

Idrissa Bougoum est un de ces vendeurs de casques installé aux abords de la rue des Arts et des Lettres. Il est dans ce commerce il y a plus de cinq (05) ans.

Pour lui, le marché de casques est de plus en plus lent. Pour cause, dit-il, le coût des casques devient de plus en plus élevé. « Actuellement les prix des casques ont augmenté. On ne peut plus avoir les casques que l’on prenait à 8 000 fcfa autrefois pour les revendre à 10 000 fcfa. On ne peut plus les avoir même à 10 000 fcfa en gros. Les gens en ont besoin mais c’est les prix qui posent problème. Nous leur proposons donc des casques qui sont à la hauteur de leurs moyens. Les prix varient entre 10 000 fcfa et 20 000 fcfa », Idrissa Bougoum explique la morosité du marché par le coût élevé des casques à Bobo-Dioulasso.

Si pour ce vendeur, le non écoulement des casques est dû à leur coût élevé, certains autres pointent du doigt le manque d’intérêt des usagers d’engins à deux (02) roues vis-à-vis des avantages du port des casques en circulation.

Amidou Tamboura, vendeur de casques

 C’est le cas de Amidou Tamboura. Vendeur de casque depuis maintenant deux (02) ans à Bobo-Dioulasso, il confie vendre de moins en moins de casques. Le paradoxe qu’il a souligné, c’est le fait que cette situation de mévente s’est accentuée depuis l’entrée en vigueur de la mesure du port obligatoire de casques en janvier 2025.

 « Je vends moins de casques cette année par rapport à l’année passée. Selon moi, la population ne considère pas le port des casques comme une nécessité pour le moment. Ce qui explique le fait que les casques ont du mal à être vendus. Mais avec les sensibilisations en cours, je pense qu’il y a un petit changement », Amidou Tamboura nous confie-t-il.

Le non-respect du port de casque à Bobo-Dioulasso est vraisemblablement la cause de la morosité du marché des casques dans cette ville. Or l’obligation du port de casque par les usagers d’engins à deux roues au Burkina Faso ne date pas d’hier. Elle résulte en effet, du décret n°2005-196     portant définition et répressions de contraventions en matière de circulation routière. En effet, ce décret de 2005, dans son article 15 stipule « qu’il est fait obligation à tout conducteur et passager d’un cyclomoteur, d’un vélomoteur et d’une motocyclette de porter un casque agréé par l’administration».

Malgré l’existence de ces textes, les usagers d’engins à deux (02) roues de Bobo-Dioulasso se font toujours prier de porter le casque en circulation. Certainement que certains veulent voir le début de la répression pour croire et accepter enfin de préserver leur propre vie par la protection de leurs têtes par des casques en circulation routière.

Leïla Korotimi Koté et Akim Traoré (stagiaire)/Ouest Info

La rédaction
La rédaction
Ouest Info est un média en ligne basé à Bobo-Dioulasso dans la région de l’Ouest du Burkina Faso.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici
Captcha verification failed!
Le score de l'utilisateur captcha a échoué. Contactez nous s'il vous plait!

spot_img

Autres Articles

Burkina/lutte contre le paludisme: Des leaders d’associations féminines outillées sur le projet Target Malaria à Bobo

L'institut de recherche en sciences de la santé (IRSS) à travers l’équipe du projet Target Malaria a tenu dans la matinée du mercredi 19...

Burkina Faso : Le coût du Hadj 2025 fixé à 3 261 500 francs CFA sans le prix du mouton de sacrifice(officiel)

Au Burkina Faso, le coût du hadj 2025 est fixé à 3 261 500 francs CFA. C’est le ministère en charge de l’Administration territoriale...

Libération des emprises des voies publiques de Bobo : Avant toute action, l’arrondissement 5 sensibilise

Le président de la délégation spéciale de l'arrondissement 5 de la commune de Bobo-Dioulasso, accompagné de ses collaborateurs, a procédé, dans la matinée de...

Autres Articles