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Promotion immobilière au Burkina : Des organisations paysannes appellent à la préservation des terres agricoles

Des organisations paysannes et de la société civile ont animé une conférence de presse le lundi 20 février 2023, dans la salle de réunion de la confédération paysanne du Faso (CPF), à Ouagadougou. A cette rencontre avec la presse, les conférenciers ont interpellé le gouvernement à plus d’actions concrètes dans le sens de la préservation du foncier rural et de l’exploitation agricole familiale au Burkina Faso.

La question du foncier est un sérieux problème au pays des Hommes intègres. En effet, depuis plusieurs années, la question de la promotion immobilière s’invite dans tous les débats tant le nombre des sociétés immobilières s’augmente au quotidien.

Pour plusieurs citoyens, il est plus qu’urgent de trouver des voies et moyens pour assainir ce milieu. Le gouvernement burkinabè,  conscient que la question du foncier doit être bien cernée pour éviter des dérives, a initié des pourparlers avec les acteurs concernés pour l’adoption d’une loi sur la promotion immobilière au Burkina.

L’avant-projet de cette loi a été adopté au cours d’une rencontre organisé par le ministère en charge de l’Urbanisme le 10 février 2023. Rencontre au cours de laquelle les promoteurs immobiliers invités à y prendre part ont préféré boycotté.

Pour les organisations paysannes et de la société civile initiatrices de cette conférence de presse,  cette agitation ne doit pas freiner le gouvernement dans son élan d’assainir le milieu. En effet, pour le président de la CNP, Bassiaka Dao, de plus en plus on constate une amplification des faits d’accaparement de terres rurales productives et de fortes menaces contre l’agriculture familiale qui constitue pourtant le véritable socle de l’économie nationale et du développement humain durable au pays des Hommes intègres.

Bassiaka Dao, président de la confédération paysanne du Faso

A l’écouter, ces activités prédatrices des terres agricoles familiales concernent précisément l’agrobusiness tel que pratiqué par des supposés « entrepreneurs agricoles ou nouveaux acteurs » et la promotion immobilière privée dont le nombre de société agréées est passé de 13 en 2008 à 275 en 2021, soit une hausse de plus de 20 fois en 14 ans.

« Le Burkina Faso peut bien se passer d’une crise supplémentaire si dès maintenant nous agissons de manière responsable et préventive »

Et tout cela, à en croire les conférenciers, se passe dans un contexte où le pays connait une croissance démographique estimée à 2,93% par an. « Outre les conséquences néfastes des changements climatiques et des fortes pressions animales et anthropiques sur le foncier rural, ces quatre dernières décennies,  celui-ci fait malheureusement l’objet de morcellement de plus en plus systématique. Cela a pour corollaire l’exacerbation de conflits fonciers de plus ou moins complexes et destructeurs. On assiste à l’installation progressive d’une crise qui s’ajoute à celle déjà établie qu’est l’insécurité. Le Burkina Faso peut bien se passer d’une crise supplémentaire si dès maintenant nous agissons de manière responsable et préventive », a lancé le secrétaire général de la CPF, Marc Gansoré.

Pour les conférenciers, sur l’ensemble du territoire national, les superficies des terres rurales occupées par les promoteurs immobiliers a été évalué à 88 235 ha. « Cela équivaut à des milliers de tonnes de céréales perdues au cours de la campagne 2021-2022 », a martelé Marc Gnasoré.

A l’écouter, 10 920 ha de terres péri urbaines et rurales concernées par la promotion immobilière se trouvent autour de Ouagadougou et dans les communes rurales environnantes. A Bobo-Dioulasso, selon les conférenciers, particulièrement 3 629 ha de terres rurales sont mobilisés par 26 sociétés immobilières.

Avec ces actions de mobilisations foncières, les conférenciers font le constat d’une réduction des superficies cultivables, une perte des moyens d’existence, une baisse de la production agricole nationale et une clochardisation des jeunes et adultes qui deviennent plus exposés à l’enrôlement par les groupes terroristes.

« Sur les 26 sociétés immobilières dénombrées autour de Bobo-Dioulasso, seulement 6 auraient des projets jugés recevables et 1 seule disposerait d’une autorisation de lotir en juillet 2022 »

Les conférenciers du jour on dénoncé le fait que 295 projets immobiliers et fonciers irréguliers soient mis en œuvre dans des zones de maraichage, des zones pastorales, des zones de foresterie et des terres rurales globalement où il n’existe aucun outil de planification spatiale, sur une superficie de 23 067 ha.

Marc Gansoré, secrétaire général de la Confédération paysanne du Faso (CPF)

Pour Marc Ganoré,  au moins 181 promoteurs immobiliers n’ont pas présenté de demande d’approbation de leurs projets mais ont loti et vendu les parcelles nues sur une superficie de 58 047 ha. « Sur les 26 sociétés immobilières dénombrées autour de Bobo-Dioulasso, seulement 6 auraient des projets jugés recevables par les services techniques compétents et 1 seule disposerait d’une autorisation de lotir en juillet 2022. Au niveau national, sur un total de 1 169 projets immobiliers dénombrés, 34 ont une autorisation de lotir. Cela correspond à une superficie de 2 565,58 ha », a déploré Marc Gansoré.

Face à tout ce « désordre », les organisations paysannes et de la société civile ont invité l’Etat à veiller à améliorer les mesures des plans d’actions prioritaires pour une promotion immobilière responsable.

Ces organisations proposent entre autres, la prise en compte de leurs contributions et celles de l’atelier national de validation pour l’amélioration de l’avant-projet de loin sur la promotion immobilière, l’arrêt dans le court terme des lotissements « classiques » et le développement d’un modèle concerté et innovant d’aménagement urbain peu consommateur d’espace, adapté au mode de vie des populations locales, respectueux de la vocation des zones spécifiques à valeur culturel, écologique ou touristiques.

Elles recommandent également l’identification, la délimitation et l’immatriculation des espaces et des sites d’investissements pastoraux dans le court et moyen termes dans toutes les communes du Burkina, etc.

Daouda Zongo, collaborateur à Ouagadougou pour Ouest Info

La rédaction
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Ouest Info est un média en ligne basé à Bobo-Dioulasso dans la région de l’Ouest du Burkina Faso.

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