A l’orée de la fête de Ramadan, les commerçants et éleveurs de volaille de la ville de Bobo-Dioulasso s’inquiètent de la morosité du marché. Tous pointent du doigt la situation sécuritaire du pays qui entraine une flambée des prix. Une équipe de Ouest info a fait un tour au niveau de quelques points de vente de volaille de la ville, dans la matinée de ce mardi 9 avril 2024, pour un constat.
Les périodes de fêtes sont généralement des moments de vache-grâce pour plusieurs personnes qui développent autour des activités génératrices de revenus.
Parmi eux, les vendeurs de la volaille. Installés au niveau des carrefours, six mètres et aux abords des grandes voies, chacun fait de son mieux pour écouler ses gallinacés.
Nous arrivons à un point de vente situé à Belleville. Il est 10h03. Plusieurs commerçants de volaille sont déjà sur place. Dans des cases ou sous des bâches enveloppées par des moustiquaires, des poulets de différentes natures et de tailles sont exposés à la clientèle.
Dès notre arrivé, un jeune vendeur se précipite vers nous tout en nous présentant ses poulets. Croyant que nous étions des acheteurs. Mais après lui avoir expliqué les raisons de notre venu, d’un air abattu, celui-ci nous dirigea vers Ousmane Kindo, visiblement le patron des lieux. Après les salutations d’usage, ce dernier comprend les raisons de notre présence et s’en suivirent les échanges.
Un marché morose…
Ce trentenaire est éleveur et vendeur de volaille depuis plus de trois (03) ans dans la ville de Bobo-Dioulasso. Pour lui, le marché de la volaille est très morose cette année. L’offre, dit-t-il est plus que la demande et les poulets locaux sont plus prisés cette année au détriment des poulets de chair.
« C’est très compliqué pour nous cette année. Les clients se font rares malgré que demain c’est la fête. Le marché est au ralenti vu le contexte sécuritaire et le manque de moyen. La plupart des clients qui viennent ici veulent le poulet local. Alors que nous vendons les poulets de chair. A l’approche des fêtes des années antérieures, nous pouvons vendre 200 à 250 têtes par jours. Mais cette année, nous vendons à peine 70», a laissé entendre Ousmane Kindo sur un ton peu joyeux.
Ces poulets poursuit-il, « sont vendus entre 3000 et 3500 FCFA pour ceux qui pèsent environ 1,5 kg. Mais il y a des poulets graissés qui sont vendus à 8000 FCFA ».
A un jet de pierres de Ousmane Kindo, nous rencontrons Dame Salimata Ouattara. Cette quadragénaire évolue dans l’élevage et la vente des volailles depuis plus de quatre (04) ans.
A l’orée de la fête de Ramadan, elle ne vend que les poulets locaux dont les prix varient entre 4000 et 4500 FCFA. Cette année, confie-t-elle, le marché n’est pas comparable aux années antérieures. « Ce n’est même pas comparable. Les année antérieures, la demande était forte. Mais cette année, il n’y a pas de marché. Malgré le fait que nous vendons les gros poulets entre 4000 et 4500 FCFA, les gens n’arrivent pas à payer. Ils disent qu’ils n’ont pas d’argent. Aujourd’hui les petits poulets de 3000 FCFA s’achètent plus que les gros » a-t-elle déploré.
Le nombre de vendeurs de poulets en baisse
A en croire Dame Salimata Ouattara, plusieurs vendeurs ont abandonné la vente de la volaille cette année. « Avant, il y avait beaucoup de vendeurs ici en cette période. On pouvait apercevoir la foule de loin. Il arrivait même qu’on se chamaille à cause de la place. Mais cette année, on peut compter les vendeurs de volaille du bout du doigt. Beaucoup ont abandonné cette activité à cause de la mévente », s’est-t-elle inquiété.
Razack Zerbo est aussi un commerçant de volaille. Il confirme les dires de Ousmane Kindo. Il confie en effet que les poulets locaux se vendent mieux cette année. « Je vends les poulets locaux et les poulets de chairs. Mais je constate que les poulets locaux se vendent mieux. Les gens se plaignent de la cherté. Ce qui n’est pas de notre faute. Nous rencontrons aussi des difficultés surtout au niveau de l’alimentation et les soins de la volaille », s’est-t-il défendu.
Pour ce dernier, il faut noter qu’au Burkina Faso les aliments des volailles ainsi que leurs soins sont vraiment coûteux. « Ce qui fait que les prix des volailles sont élevés et la population trouve que cela ne reflète pas la réalité du pays. Nous profitons de votre micro pour demander à l’Etat de se pencher sur cette question d’aliments et de soins de la volaille afin de nous soulager un tant soit peu », a lancé Razack Zerbo.
Plusieurs commerçants à l’image de Ousmane Kindo, Dame Ouattara et Razack Zerbo sont confrontés à la morosité du marché en cette période de fête. Tous pointent du doigt la situation sécuritaire du pays. Qu’à cela ne tienne, chacun essaie tant bien que mal de tirer son épingle du jeu.
Leïla Korotimi Koté et Saibou Soura (Stagiaire)/Ouest Info