La consommation des intrants nutritionnels (Plumpy’Nut) a des conséquences sur la santé des personnes saines qui ne sont pas touchées par la malnutrition. C’est Hélène Ouédraogo, nutritionniste, cheffe de service prévention de la malnutrition à la direction de la nutrition au ministère de la Santé et de l’hygiène publique qui l’a signifié dans une interview à nous accorder.
Ces produits sont en effet selon elle, utilisés pour la prise en charge des enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère ou modérée. Les personnes saines qui en consomment peuvent plus tard, prévient-elle, souffrir de surcharge pondérale, d’obésité ainsi que des maladies cardiovasculaires telles que l’hypertension, le diabète. Lisez plutôt !
Ouest Info : Qu’est-ce qu’un intrant nutritionnel ?
Hélène Ouédraogo : un intrant nutritionnel est un produit fabriqué pour prévenir ou traiter la malnutrition aiguë chez les enfants de 06 à 59 mois. Ce sont les « Plumpy’Nut » et les « Plumpy’Sup ».
Ouest Info : Où les trouve-t-on ?
Hélène Ouédraogo : Les intrants nutritionnels sont intégrés dans le système national d’approvisionnement depuis 2015 et dont le stockage et l’acheminement vers les Districts Sanitaires (DS) est assuré par le Centre d’Achat des médicaments Essentiels Génériques (CAMEG). Les Centres de Santé et de Promotion Sociale (CSPS), les Centres Médicaux (CM) et les Centres Médical avec antenne chirurgicale (CMA) à leur tour viennent au DS pour s’approvisionner. Notons que les Centre Hospitalier Universitaire et les Centre Hospitalier régional (CHU/CHR) s’approvisionnent directement auprès des agences CAMEG. Ce qui veut dire que les intrants nutritionnels sont disponibles au niveau des centres de prise en charge de la malnutrition aiguë (CSPS, CM, CMA, CHU/CHUR/CHR).
Ouest Info : A qui sont-ils destinés et a à quel moment sont-ils conseillés ?
Hélène Ouédraogo : Les intrants nutritionnels ou intrants de prise en charge de la malnutrition comme l’indique son nom sont utilisés pour le traitement des enfants de 06 à 59 mois souffrant de la malnutrition aiguë.
Les « plumpy’Nut » sont destinés aux enfants souffrant de la malnutrition aiguë sévère et les « Plumpy’Sup » aux enfants malnutris aiguë modéré. Ce n’est pas un conseil mais un traitement nutritionnel car c’est à la suite d’une évaluation de l’état nutritionnel de l’enfant basé sur des critères d’évaluation que l’enfant dépisté malnutri est admis pour une prise en charge adéquate suivant un protocole de prise en charge de la malnutrition aiguë.
Ouest Info : Qui décide de leur consommation ?
Hélène Ouédraogo : Les intrants nutritionnels tout comme les autres produits de santé sont prescrits par le personnel de santé. Donc, c’est un agent de santé qui décide du traitement nutritionnel de l’enfant malnutri sur la base de l’évaluation de l’état nutritionnel de l’enfant après dépistage.
Ouest Info : C’est donc dire que leur consommation est encadrée ?
Hélène Ouédraogo : Notons que les intrants nutritionnels sont inscrits sur la liste des médicaments essentiels donc ce sont des médicaments qui respectent les mêmes rigueurs en matière de médicaments. Le Plumpy’Nut et le Plumpy’Sup sont des médicaments et non des chocolats comme les gens le disent. Quand vous voyez la composition de ces intrants, c’est vraiment énergétique, avec des minéraux et des vitamines adaptés aux besoins de l’enfant malnutri qui vont lui permettre de récupérer très facilement. Donc, l’enfant qui n’est pas malnutri et qui ne présente pas des carences en ces minéraux ou vitamines fera un « surdosage » quand il va consommer le « Plumpy’Nut « ou le « Plumpy’Sup ». C’est pourquoi, Ces produits sont dangereux pour les personnes saines et donc déconseillés.
Ouest Info : Mais on remarque que les gens s’adonnent à la consommation de ces intrants sans prescription médicale préalable ! Cela pourrait-il avoir des conséquences sur la santé de ceux ou celles qui les consomment dans ces conditions ?
Hélène Ouédraogo : L’usage détourné de ces intrants fait que des personnes (adultes comme enfants) en bonne santé consomment le « Plumpy’Nut » ou le « Plumpy’Sup ». Oui, les personnes en bonne santé en consomment pourtant ces intrants sont destinés à la prise en charge des cas de malnutrition. Donc du moment que ces personnes adultes et enfants sont sains, qui ne sont pas malnutris, plus tard ils pourront souffrir de surcharge pondérale, d’obésité ainsi que des maladies cardiovasculaires telles que l’hypertension, le diabète, etc.
Ouest Info : Que faut-il faire selon vous, pour empêcher la circulation illégale de ces produits dont la vente est encadrée par des textes ?
Hélène Ouédraogo : Il faut déjà savoir que la vente du « Plumpy’Nut » ou du « Plumpy’Sup » est interdite sur le territoire national. Actuellement, une plainte signée par le Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique a été déposée dans les treize (13) régions auprès des tribunaux de grande instance. Des saisies ont été faites par les différentes gendarmeries. Des sanctions sont prévues car c’est de la fraude.
Il y’a aussi la diffusion de l’information sur la vente illicite de ces intrants que vous les journalistes vous pouvez relayez la vraie information auprès de nos populations. J’invite les médias à sensibiliser et à dénoncer publiquement les cas de détournements et de ventes illicites de ces intrants.
Ouest info : Quel message à l’endroit des personnes qui risque leur santé par la consommation de ces produits ?
Hélène Ouédraogo : J’invite les adultes et les enfants en bonne santé d’éviter la consommation du « Plumpy’Nut » et du « Plumpy’Sup » car ces intrants sont destinés aux enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère ou modéré. Ces produits sont dangereux pour les personnes saines et donc déconseillés. Aussi, toute personne doit dénoncer la vente illicite de ces intrants auprès des structures compétentes.
Céline Nignan / Stagiaire Ouest Info