Les habitants de la zone non lotie de Bindougousso, secteur 14 de Bobo-Dioulasso, doivent déguerpir ce jeudi 30 mai 2024 vers d’autres sites qui leur ont été octroyé par la SONATUR, propriétaire du site où ils habitent. Pour ces derniers, le délai est très court car n’ayant pas encore fini de construire sur les nouveaux sites. Face à cette décision, ils demandent la clémence de la SONATUR. Ils ont ainsi tenu un meeting ce mercredi 29 mai pour traduire leur désarroi et demander un délai plus long à la SONATUR.
Les habitants du « non loti » du secteur 31 de la ville de Bobo-Dioulasso sont dans le désarroi. Pour cause, l’heure du déguerpissement a sonné. Ils doivent déguerpir la zone qui appartient désormais à la SONATUR.
Chose que ces derniers ne refusent pas mais, pointe tous du doigt le délai qu‘ils jugent très bref. Ils étaient des centaines ce matin à prendre d’assaut leur quartier afin d’interpeler les autorités compétentes et demander par la même occasion la clémence de la SONATUR.
Parmi eux, Abdoulaye Gnanou. Vivant dans le non loti de Bindougousso depuis une trentaine d’année, ce dernier estime que le délai est court. « Juste après la sortie de la liste en Août (ndlr : attribution des parcelles par la SONATUR en guise de dédommagement), nous avons convoqué deux rencontres avec les membres de la SONATUR mais personnes n’est venu. A notre grande surprise, c’est une note qui est sortie. Le délai de la première note était le 15 décembre 2023 que nous n’avons pas pu respecter. Et la dernière note qui est la fin de ce mois. C’est le vendredi passé que j’ai eu vent du dernier communiqué de déguerpissement. Je suis parti immédiatement à la mairie pour prendre des informations. Ces derniers disent ne pas être au courant car c’est une décision de la SONATUR. Ils nous ont juste suggéré de faire une délégation et d’aller à la SONATUR. Même hier (ndlr : le 28 mai) nous étions chez le PDS de notre arrondissement pour lui exposer le problème mais rien. Ils disent ne rien pouvoir faire », a-t-il justifié.
Pour lui, il ne s’agit pas d’un refus de partir. « Le délai de 3 mois ne nous arrange pas du tout. Sinon personne n’a refusé de partir. C’est juste le délai qui pose problème » insiste-t-il.
Outre le délai, la pauvreté un autre problème
Septuagénaire, Bakary Sanogo est habitant du « non loti » de Bindougoussso depuis les années 1994. Pour lui, le véritable problème, c’est la pauvreté.
En effet selon lui, c’est le manque de ressources financières pour mettre en valeur les parcelles qui leur ont été attribuées par la SONATUR qui est le véritable problème. « Le véritable problème est que nous n’avons même pas d’argent pour construire nos maisons. Nous peinons même à nourrir nos enfants. Ce n’est pas une maison que nous allons construire en trois ou six mois. Les loyers des cours communes sont très chers et il est difficile pour nous de vivre là-bas avec nos familles. Nous exhortons la SONATUR de nous laisser vivre ici pendant au moins 5 ans pour nous permettre de construire nos maisons », a-t-il lancé avant de préciser qu’il accueille des déplacées interne, une dizaine environ.
Déplacé interne, ABoubacar Gnanta en est un. Attributaire de parcelle de la SONATUR, il reconnait que partir est une obligation. Mais, veut-il encore du temps pour construire sa maison. « Nous sommes des déplacés internes venu de la zone de Satiri. Nous avons trouvé refuge dans cette zone. J’ai 14 enfants et deux femmes à ma charge en plus de la famille de mon petit qui a été tué par les terroristes. Ils sont venus nous dire de partir. Nous n’avons pas refusé. Mais nous leur demandons juste de nous donner encore du temps de construire nos maisons. Nous savons que partir est une obligation vue que nous avons eu des parcelles, mais nous demandons à la SONATUR de nous donner le temps pour construire. Sinon où nous allons dormir » a-t-il plaidé.
Leïla Korotimi Koté/Ouest Info