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Moussa Dembélé, président de Déni Dêmè : « Notre ambition, c’est de faire de Fitini Show une émission de télé-réalité »

1999-2024. Cela fait vingt-cinq (25) ans que l’Association Déni Dêmè organise Fitini Show chaque période de vacances. Evènement culturel majeur de la ville de Bobo-Dioulasso et du Burkina Faso, il occupe sainement les enfants amoureux de culture pendant la période des vacances scolaires. Fitini Show a ainsi servi de tremplin à plusieurs artistes burkinabè. Président de l’Association Déni Dêmè, structure organisatrice de Fitini Show, Moussa Dembélé revient sur l’histoire de l’évènement, ses objectifs de départ, ses acquis et perspectives après un quart de siècle d’existence. C’était au cours d’un entretien accordé à une équipe de Ouest Info le mardi 26 novembre 2024.     

Ouest info :  Quelle était la philosophie qui se cachait derrière Fitini Show à sa création ?

Moussa Dembélé : Il a été constaté qu’il n’y avait pas dans notre zone une activité dédiée aux enfants. Les enfants avaient besoin de trouver un cadre où ils pouvaient aligner leurs talents et passer des vacances utiles et agréables et en même temps où on pourrait les sensibiliser et les préparer à être des bons citoyens de demain. Donc à la base, Fitini show avait pour vocation de combler un vide que nous avions constaté. Et nous nous sommes un peu inspirés de ce qui se passait dans d’autres pays. C’est ainsi que nous avons créé en 1999 avec un groupe d’amis, ce qu’on appelle Fitini Show qui est le show des enfants, qui permet aux enfants de s’amuser pendant les vacances mais aussi de mettre en avant leurs talents.

Ouest info :  25 ans après, quel bilan tirez-vous de Fitini Show en rapport avec vos objectifs de départ ?

Moussa Dembélé : Je crois qu’en 25 ans, nous avons atteint tous nos objectifs. D’abord sur le plan culturel, il fallait imposer Fitini Show comme étant la plus grande activité des enfants. Je pense que nous y sommes arrivés. Aujourd’hui, près de 40.000 enfants participent à Fitini Show à travers plusieurs villes du Burkina. Nous avons 10 millions de téléspectateurs et aussi des millions d’internautes qui nous suivent sur les réseaux sociaux. Avec Fitini Show, nous pensons avoir marqué le paysage culturel du Burkina Faso. Également côté éducation, nous pouvons dire que nos objectifs visés ont été atteints. De nos jours, Fitini Show a obtenu des partenaires tels que l’UNICEF (ndlr : Fonds des Nations Unies pour l’Enfance) qui nous permet de sensibiliser les enfants à travers un certain nombre de thématiques qui abordent le respect du droit des enfants et qui nous permettent également de porter un regard sur le devenir des enfants. Depuis vingt-cinq (25) ans, à chaque édition, nous développons des thématiques à travers les différentes rubriques de Fitini Show. Je pense que sur ce côté également, nous avons atteint nos objectifs.

Lors du déroulement de chaque édition, il y a énormément de choses qui se passent autour de l’événement sur le plan économique notamment les vendeuses des aliments consommables sur place, les locations des salles pour les répétitions, et même le carburant que les gens prennent pour se déplacer. Sur le plan social, nous sommes arrivés à placer l’enfant comme étant l’avenir de demain. Avec Fitini show on essaie d’avoir un regard particulier sur les couches vulnérables. Aujourd’hui, le regard est porté sur les enfants déplacés internes. Et actuellement sur le plan socio-économique, nous pouvons dire que l’objectif principal qui était d’imposer Fitini Show comme étant une activité majeure est atteint. En 25 ans, nous pouvons dire que l’évènement est rentré en toute humilité dans le sillage des plus grandes organisations culturelles au Burkina Faso. Aujourd’hui, voir des enfants qui ont participé à Fitini show, qui travaillent dans des institutions, qui ont leurs activités, qui sont mariés et ont des enfants est une très grande satisfaction pour nous. 25 ans après, un enfant qui avait 06 ans à 31 ans. Il est maintenant dans la vie économique. Nous pensons alors que nous lui avons apporté quelque chose parce que beaucoup d’entre eux ainsi que des parents nous sont reconnaissants. Il y en a aujourd’hui qui nous aident à avoir des partenaires. Alors nous pouvons certifier 25 ans après que Fitini Show est incontournable en tant qu’activité dédiée aux enfants pendant les vacances.

Ouest info : Quel rôle joue Fitini show dans l’éducation des enfants au Burkina Faso ?

Moussa Dembélé : Fitini Show aborde plusieurs thématiques concernant les enfants. Par exemple le mariage des enfants ; la non stigmatisation des enfants ; des thématiques sur les enfants de la rue ; sur l’éducation pour tous… On apporte un peu notre contribution aux partenaires, aux autorités et à l’Etat en matière d’éducation. Chacun doit comprendre que l’enfant a droit à l’éducation. A travers les sketchs, les slams, les commentaires de nos animateurs en plus de la diffusion de Fitini Show à la télé et sur les réseaux sociaux, je crois qu’on touche réellement à l’éducation des enfants. On les prépare à devenir des citoyens de demain en les apprenant à respecter les valeurs sociales et les symboles de l’Etat. Nous mettons l’accent sur comment l’enfant doit se comporter et comment il doit être traité en société. Et c’est dans cette perspective que Fitini Show a été décoré. Si les ministères de l’éducation et de l’action sociale ont pris notre association comme partenaire, c’est parce que nous touchons beaucoup d’enfants à travers beaucoup de villes. Aujourd’hui, j’atteste qu’on a vraiment apporté en 25 ans notre part de contribution dans l’éducation des enfants du Burkina Faso.

Ouest info :  Quelles sont vos principales difficultés dans l’organisation de cet évènement culturel pour enfants ?

Moussa Dembélé : Nous faisons face à plusieurs difficultés. Il y a les difficultés financières. L’organisation de Fitini Show demande un gros budget. Donc, il faut mobiliser les partenaires institutionnels tel que l’UNICEF et d’autres personnes. Il y a également la mobilisation des ressources au niveau de l’Etat. Donc la première difficulté, c’est la mobilisation des ressources. Ensuite, il y a l’aspect organisationnel. Sur ce plan, il faudra prendre soin des enfants, bien les encadrer, pouvoir les suivre pendant tout le temps de la compétition et j’avoue que ce n’est pas très facile. Les enfants viennent à Fitini Show en bonne santé et ils doivent rester tel jusqu’à la fin de l’évènement. Cela représente une grosse difficulté. Il y a aussi la situation sécuritaire du pays qui constitue un frein pour la propulsion de Fitini Show sur tout le territoire burkinabè. Nous souhaitons par exemple aller à Dori et dans les autres zones à risques mais c’est impossible. Nous sommes obligés de nous limiter à certaines zones. Cela aussi représente l’une des principales difficultés que nous rencontrons actuellement. Parmi les difficultés, je n’oublie pas le problème qui tourne autour de la mobilisation des enfants. Certains parents ont du mal à comprendre que les activités comme Fitini Show participent à l’éducation des enfants. Ils ont souvent un cliché un peu négatif de cette activité. En résumé, nous rencontrons des difficultés d’ordres matériel, financier, sécuritaire, organisationnel et communicationnel. On essaie de toujours nous améliorer pour rester toujours opérationnel afin d’avoir la confiance des parents.

Ouest info : Est-ce que Fitini Show a servi de tremplin à des jeunes talents qui sont aujourd’hui des artistes professionnels ?

Moussa Dembélé : A la base, notre objectif n’était pas de faire de ces enfants des artistes sur le plan culturel. Mais ce n’est pas à négliger non plus, le fait que certains enfants exercent aujourd’hui en tant qu’artistes sur le plan international. Nous avons par exemple Djibi, Yaya Sanou et pas mal d’encadreurs qui ont atteint un certain niveau grâce à Fitini Show. Ils remportent des prix et participent à la Semaine Nationale de la Culture grâce à Fitini show. Tout le monde n’est pas forcément devenu artiste. Il y a des enfants qui ont pris part à Fitini show mais qui sont aujourd’hui des médecins, des banquiers et plein d’autres professions. Pour nous, il était question d’occuper sainement les enfants pendant les vacances. Et notre intérêt est plus porté sur le côté divertissement, loisir mais aussi le côté éducation ; pas forcément celle de l’école mais l’éducation dont l’enfant a besoin pour se développer en tant qu’humain.

Ouest info :  Fitini Show a récemment été labellisé, quelles sont les perspectives qui se cachent derrière cette initiative ?

Moussa Dembélé : Avec une activité comme Fitini show qui va au-delà de nos frontières, à un moment donné, il faut penser à un label parce que nous avons vu que certains pays comme la Guinée et la Côte d’Ivoire par exemple copiaient Fitini Show avec le même logo. Donc avec la labélisation auprès de l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI), Fitini Show devient une marque déposée. Donc son image ne peut plus être utilisée par quiconque. L’autre aspect est que la labélisation peut ouvrir des portes dans le futur notamment la création d’une entreprise autour de Fitini Show. Il fallait que nous puissions obligatoirement protéger le nom Fitini Show pour que ça devienne une marque que les gens ne pourront pas utiliser à leur guise. Et avec cette marque, on pourrait à l’avenir créer une structure qui va générer des ressources économiques pour le pays tout entier.

Ouest info :  Au fil de l’évolution de l’événement depuis sa création jusqu’à sa 25ème édition, peut-on dire que Fitini Show a aujourd’hui une dimension internationale ?

Moussa Dembélé : Oui, Fitini Show a une dimension internationale à deux niveaux. D’abord à travers nos partenaires médias, Fitini Show est suivi presque dans le monde entier. Nous avons déjà reçu des coups de fil depuis les États-Unis, le Mali et bien d’autres pays, qui chantent les louanges de notre évènement. Je pense que c’est la maladie de COVID qui a un peu freiné Fitini Show sur le plan international. Nous nous sommes basés sur les conventions de partenariat signées avec la mairie de la ville de Bouaké en Côte d’Ivoire ; la ville de Bamako au Mali ; Niamey au Niger, pour organiser une édition de Fitini Show en Côte d’Ivoire. On invitait les enfants du Mali et du Niger à la finale de Fitini Show. L’idée pour nous, c’était de créer un peu ce brassage pour que Fitini Show se passe au moins dans les pays qui ont une convention avec la ville de Bobo-Dioulasso. A ce niveau, on peut dire qu’on s’est internationalisé. Au fil du temps, nous poursuivrons dans la même dynamique que l’AES, en invitant par exemple les enfants de la côte d’ivoire, du Mali, du Niger et bien d’autres pays pour qu’il y ait une rencontre des enfants venant de partout à Bobo-Dioulasso. Une rencontre au cours de laquelle ils pourront mettre en avant leurs différents potentiels et que la société dans son ensemble puisse avoir une idée de la bonne éducation de l’enfant. Cela est un peu notre rêve, et je pense que nous le réaliserons.

Ouest info :  Peut-on donner une place à Fitini Show dans la valorisation de la culture burkinabè ?

Moussa Dembélé : Bien sûr, nous voyons tous que beaucoup de groupes issus de Fitini Show participent à la Semaine Nationale de la Culture, et vice-versa. Par les compétitions de ballet, nous amenons nos enfants à aller chercher au fond de nos cultures. Également, lors des compétitions miss en tenue traditionnelle, les tenues portées par les enfants incarnent la culture de chacune de nos ethnies. Parlant de la musique, les enfants imitent nos artistes. Ce qui valorise la musique burkinabè. Nous nous appliquons pour qu’à travers nos rubriques de compétitions, nous puissions toujours mettre en avant notre culture. Et je pense que nous avons déjà trouvé la bonne méthode.

Ouest info :  Quelles sont les perspectives de Fitini Show pour les éditions à venir ?

Moussa Dembélé : D’abord, nous voulons parcourir plus de régions. Sur treize (13) régions, nous n’avons touché que six (06) pour le moment. Nous souhaiterons que chaque enfant du Burkina Faso puisse s’épanouir pendant les vacances scolaires avec Fitini Show. Nos ambitions, c’est de faire de Fitini Show une émission de télé réalité, l’internationaliser et qu’en fin de compte Fitini Show serve de soutien aux enfants défavorisés aux côtés de structures comme l’UNICEF. Grace à la labélisation, nous pourrions dans le futur créer une fondation Fitini Show où par exemple on pourra avoir un centre de football Fitini Show, des écoles pour les enfants.

Ouest info :  On a constaté que la 25è édition de l’événement s’est tenue hors du théâtre de l’amitié pour les manches de Bobo-Dioulasso et cela à cause de travaux de réhabilitation. La réhabilitation achevée, une polémique est née autour du coût des travaux. En tant qu’acteur culturel majeur de Bobo-Dioulasso, quelle est votre position par rapport à cette réhabilitation et toute la polémique qui l’entoure ?

Moussa Dembélé : Nous à notre niveau, notre contribution a été de trouver des partenaires pour la réalisation du projet de réhabilitation du théâtre de l’amitié. Des partenaires comme orange, ont répondu favorablement à notre demande. J’ai juste joué un rôle de médiateur dans ce projet de réhabilitation. Pour ce qui est de la polémique dont vous parlez, je n’ai pas de commentaire à faire.  

Interview réalisée par Abdoulaye Konkombo et Ackim Traoré (Stagiaires)

La rédaction
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Ouest Info est un média en ligne basé à Bobo-Dioulasso dans la région de l’Ouest du Burkina Faso.

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