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Cheick Ahmed Ouédraogo : Chef d’entreprise à 22 ans

La 24ème journée internationale de la jeunesse se tient ce 12 août 2024. A cette occasion, Ouest Info est allé à la rencontre d’un jeune entrepreneur dans le domaine du numérique. Âgé seulement de 22 ans, Cheick Ahmed Ouédraogo est une luciole en infographie, en photographie, en vidéographie et en sérigraphie. Chef d’entreprise, le jeune étudiant se distingue par le travail bien fait et exécute déjà des marchés publics dans le domaine du numérique. Zoom sur un jeune entrepreneur ambitieux qui entend faire carrière dans l’industrie cinématographique.

Teint noir, longiligne, l’air calme, il est étudiant en 2ème année de sciences économiques et de gestion à l’Université Nazi Boni. Étudiant ! Oui. Mais pas n’importe lequel. Parallèlement à son parcours académique, il a un background qui fait l’objet d’admiration. Contrairement à beaucoup d’étudiants qui rêvent de salaires, lui paye déjà des salaires à 22 ans. Lui, c’est Cheick Ahmed Ouédraogo, jeune entrepreneur évoluant dans l’infographie, la photographie, la vidéographie et la sérigraphie. En contact avec son profil, on est tenté de dire comme Pierre Corneille qu’“aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années”.

Attiré par l’informatique dès son très bas âge, Cheick Ahmed Ouédraogo s’est donné toutes les raisons et tous les moyens pour vivre sa passion. A l’aide d’un petit téléphone, il commence à produire des contenus vidéos avec des amis. La production de ces petites vidéos amateurs aiguisent davantage la passion du jeune pour la vidéographie. C’est comme ça que Cheick Ahmed tombe aussi amoureux de la photographie, de l’infographie.

Le jeune entrepreneur et son équipe

Fervent pratiquant de l’islam, son père s’oppose à sa passion. Ce dernier s’applique à l’élever dans la pure tradition musulmane. Pour le père, le rêve de Cheick Ahmed ne cadre pas avec les valeurs de l’islam. En plus, les parents de l’adolescent d’alors craignaient que sa passion prenne le pas sur ses études. Comme raison supplémentaire de son opposition, son père ne voit pas dans le métier de la photographie des perspectives d’avenir en termes de réussite sociale.

D’élève franco-arabe à jeune étudiant chef d’entreprise, Cheick Ahmed est un self-made-man de 22 ans

Mais pour convaincre ses parents, l’adolescent se montrait brillant à l’école pendant qu’il apprenait les métiers de sa passion sur le tas. Inscrit à l’école franco-arabe dans le cycle primaire, Cheick Ahmed aligne des records de moyennes dans cet ordre d’enseignement. Il ne laisse aucune chance à aucun de ses promotionnaires de goûter aux privilèges de 1er de classe.

Après l’obtention de son Certificat d’Études Primaires (CEP) avec l’entrée en 6ème en 2014, son père opte pour l’enseignement général classique. Là encore, il marque son parcours de collégien de traces remarquables de bon aloi. Sans surprise, il décroche avec brio son Brevet d’Études de Premier Cycle (BEPC) en 2018.

En 2nde C l’année scolaire suivante au Lycée National de Bobo-Dioulasso, il se fait appeler ‘’Shy boy’’ (garçon timide) par son professeur d’anglais qui ne comprenait pas sa timidité malgré ses brillantes notes dans sa matière.

Cheick Ahmed Ouédraogo, c’est aussi les prix

En réalité, la professeure d’anglais venait de trouver un nom à la future entreprise du jeune garçon qui continuait de se former par tous les moyens dans la photographie, l’infographie et la vidéographie.

Après son Baccalauréat en 2021, il est retenu à l’Université Nazi Boni (UNB) pour étudier les Sciences Économiques et de Gestion (SEG). Le retard des cours lui donne le temps d’accélérer sa formation dans les domaines de sa passion. Il met ainsi en place “Shy Boy Graphic”, un studio de vidéographie, de photographie, d’infographie et de sérigraphie.

Très rapidement, le jeune photographe et infographe se fait remarquer par la qualité de ses œuvres. Il est sollicité pour la couverture de plusieurs évènements aux niveaux national et international.

De petit studio à une entreprise formalisée en trois (03) ans

Face à la forte demande de ses services, Cheick Ahmed Ouédraogo qui poursuit ses études en économie décide de formaliser sa petite structure informelle. Il établit un Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM) et se fait immatriculer à l’IFU. Il parvient ainsi à bénéficier de marchés publics. Le jeune entrepreneur parvient à déclarer deux personnes à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS).

Il renforce ses capacités et apporte de la créativité dans l’exécution des marchés qui lui sont confiés. Les marchés institutionnels se multiplient et le jeune chef d’entreprise a aujourd’hui à son actif cinq (05) employés directs et une dizaine de collaborateurs. Sa fulguration dans le domaine lui vaut le prix du meilleur étudiant entrepreneur lors de la 2ème édition de la Nuit des étudiants en 2023 à Bobo et du prix du meilleur jeune infographiste lors de la 2ème édition de la Nuit de l’étoile montante du Burkina en 2024. Il est aussi reporter et réalisateur à la CAN 2023 en Côte d’Ivoire pour le compte de l’agence Nephtali Média.

Le bureau du jeune chef d’entreprise avec ses collaborateurs

Sa renommée quitte la région des Hauts-Bassins et se déporte à Ouagadougou la capitale du pays où la concurrence dans son domaine est sans merci. Là encore, il se taille une part de lion dans le marché de la photographie et de la vidéographie. De nombreuses sollicitations institutionnelles et informelles qui lui font passer au moins une décade par mois à Ouagadougou où il exécute des marchés avec son équipe sur place.

De l’exécution de ces marchés, le jeune rencontre des difficultés. Les retards de paiement de ses prestations et la cherté des appareils de production sont les principaux points d’achoppement dans son jeune parcours d’entrepreneur.

Malgré cela, il fait savoir que le métier nourrit son homme pour peu que l’on soit professionnel et sérieux dans le rendu des évènements à couvrir. Il est conscient des défis de son domaine face au numérique mais il pense que c’est une opportunité pour les professionnels de réinventer le métier. Ce qui va permettre, dit-il, de s’adapter aux enjeux du moment imposés par le numérique.

« Je rêve de créer au Burkina Faso une industrie cinématographique à l’image de Hollywood ou Nollywood »

Ainé d’une fratrie de six (06) enfants, Cheick Ahmed Ouédraogo fait aujourd’hui la fierté de ses parents désormais convaincus de sa vision et de son rêve. Le jeune homme ne manque pas d’enchainer les formations de mise à niveau et de perfectionnement pour pouvoir être à la hauteur des attentes de ses clients. Il offre désormais des formations payantes en photographie, en infographie, en vidéographie et en sérigraphie. Il reçoit aussi en stage des étudiants en communication dans son entreprise. Certains d’entre eux se sont professionnalisés à partir des formations reçues à “Shy Boy Graphic”. Ambitieux, le jeune de 22 ans rêve de créer une industrie cinématographique à l’image de Hollywood ou Nollywood.

Âgé seulement de 22 ans, Cheick Ahmed Ouédraogo est une luciole en infographie, en photographie, en vidéographie et en sérigraphie

Comme entrave à son rêve, Cheick Ahmed souligne le manque d’école spécialisée en formation dans les métiers de la cinématographie au Burkina Faso. Pour cela, il rêve d’études spécialisées à l’étranger pour pouvoir concrétiser sa vision. L’objectif est de rendre compétitives et d’imposer les productions cinématographiques Burkinabè sur le plan mondial.

Témoignages sur Cheick Ahmed Ouédraogo

D’un calme olympien, Cheick Ahmed Ouédraogo suscite l’admiration dans son entourage. Amis et parents sont unanimes sur le caractère irréprochable du jeune entrepreneur. De par son éducation islamique, il fait attention aux mots qui sortent de sa bouche quand il est face à un interlocuteur. Du haut de ses 1,75 mètre de taille, son attitude fascine sa mère biologique. Fatoumata Sawadogo, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, témoigne du caractère calme du garçon qu’elle a vu grandir. « Cheick est un enfant correct. Depuis tout petit, il obéit à ce qu’on lui donne comme conseils. La seule chose qu’il a refusé, c’est l’abandon de la photographie qu’on ne voulait pas au début par peur qu’il n’abandonne les études. Mais il a fini par nous convaincre car ça lui permet déjà de bien gagner sa vie. Et il partage avec nous qui sommes ses parents ce qu’il gagne comme revenus dans ses activités. Il a donc nos bénédictions et nous souhaitons qu’il touche le sommet de son art », témoigne la mère du jeune Cheick qui nous confie qu’il est un modèle pour ses frères et sœurs.

Fatoumata Sawadogo, mère de Cheick Ahmed Ouédraogo

Axel Kima est l’ami d’enfance de Cheick. Il reconnait en lui l’incarnation de plusieurs valeurs humaines et professionnelles notamment la gentillesse, la persévérance et l’amour du travail bien fait. Le seul défaut qu’il reconnait à ce dernier, c’est la timidité. « Cheick est timide. Si tu ne le connais pas, tu peux penser qu’il n’aime pas les gens. Or ce n’est pas ça. C’est sa nature. J’estime qu’être timide n’est pas une bonne chose pour un entrepreneur émergent comme lui. Un homme d’affaire doit souvent beaucoup parler pour avoir des marchés », estime Axel Kima au sujet de Cheick Ahmed Ouédraogo.

Collaborateur de l’étudiant entrepreneur, Pascal Traoré présente son chef d’entreprise comme un patron courtois mais très rigoureux. Il fait savoir qu’il très aisé de travailler avec lui. « Il n’y a pas de demi-mesure avec Cheick. Face à une situation, s’il doit se décider, soit il s’engage, soit il n’est pas dedans », Pascal Traoré décrit-il Cheick Ahmed Ouédraogo. Ce qu’il lui reproche, c’est son attachement maladif à son téléphone en tout temps et en tout lieu.

Pascal Traoré présente son chef d’entreprise comme un patron courtois mais très rigoureux. « Il n’y a pas de demi-mesure avec Cheick »

Cheick Ahmed Ouédraogo est une pépite dans l’environnement entrepreneurial bobolais et burkinabè. A 22 ans, il perce le secret du patronat grâce à la photographie. Il brise ainsi les stéréotypes autour d’une profession souvent marginalisée. Comme pour dire qu’il n’y a pas de sots métiers mais de sots gens.   

Abdoulaye Tiénon/Ouest Info

La rédaction
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Ouest Info est un média en ligne basé à Bobo-Dioulasso dans la région de l’Ouest du Burkina Faso.

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