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Burkina/Rentrée scolaire 2024-2025 : Près de 1000 élèves de retour à l’école dans trois villages réinstallés dans le Tuy

La rentrée des classes pour l’année scolaire 2024-2025 est effective depuis le 1er octobre 2024 dans la région des Hauts-Bassins et partout ailleurs au Burkina Faso. Dans une commune de la province du Tuy, l’école est de retour dans trois (03) villages. Ces villages qui ont déguerpi à cause de menaces terroristes en 2023 puis réinstallés quelques mois plus tard manquaient à l’appel de l’éducation scolaire depuis lors. Ce 1er octobre 2024, élèves et enseignants de ces villages ont répondu présents à l’appel de la rentrée des classes. Un tour dans les différentes écoles des trois (03) localités de la province du Tuy dans la journée du vendredi 4 octobre 2024 a permis de constater l’effectivité de la rentrée des classes malgré de nombreux défis techniques, logistiques et infrastructurels auxquels les acteurs font face.

Il est 06h27 minutes sur le boulevard de la révolution de Bobo-Dioulasso ce vendredi matin du 4 octobre 2024. A pieds, à vélos, à motocyclettes ou transportés par des parents ; des élèves vont tous azimuts. Vraisemblablement, beaucoup de ces élèves qui arpentent les rues de la paisible ville de Sya vers les salles de classe, ignorent que certains enfants de leur âge n’ont pas comme eux, la chance ou la certitude d’aller à l’école dans la quiétude.

C’est dans cette vague d’insouciance de ces élèves gais que nous, nous frayons un chemin à motocyclette vers une zone où deux années scolaires durant, des enfants ont manqué de l’école dans leurs villages. Nous voilà bientôt sur la route nationale numéro 1. Direction le Tuy à près de cent (100) kilomètres de Bobo-Dioulasso avec pour ligne de mire trois (03) villages de notre province hôte.

Objectif, constater l’effectivité de la rentrée scolaire dans ces villages où les écoles n’ont pas ouvert leurs portes les deux dernières années scolaires. Pour cause, ces trois (03) localités ont déguerpi en 2023 puis réinstallées quelques mois plus tard mais sans école.

De Bobo-Dioulasso, il nous a fallu 1h43 minutes chrono pour faire avaler aux roues de notre motocyclette la presque centaine de kilomètres. Une petite pause nous donne le temps de confirmer la disponibilité de nos sources dans la localité. Mais avant tout mouvement, nous signalons notre présence et son objet aux responsables de la sécurité locale.

Après y avoir montré patte blanche, nous voilà bientôt à l’inspection de la circonscription d’éducation de base (CEB) de laquelle relèvent les écoles des trois (03) villages réinstallés. Nous sommes reçus par un groupe de trois inspecteurs d’éducation de base. Avec des statistiques à l’appui, ils confirment l’effectivité de la rentrée scolaire dans la CEB y compris les trois (03) villages où les écoles sont restées fermées pendant la dernière année scolaire malgré la réinstallation des habitants.

Mais par acquit de conscience et par curiosité journalistique, nous tenons à aller constater de visu la reprise des cours dans les écoles des villages déguerpis puis réinstallés. Le doyen des inspecteurs s’improvise en guide.

Dans le premier village, les deux écoles primaires publiques ont déjà débuté les cours

 La distance qui sépare le chef-lieu de la commune rurale au premier village, c’est une dizaine de kilomètres. Par un sentier bosselé de toute part avec de marigots tarissables à certains endroits, nous engageons le départ. On ignorait encore que c’était parti pour toute une journée de périple dans une zone où la vigilance des populations reste de mise.

Sur le chemin, on croise des usagers et on aperçoit tantôt de petits bergers tantôt des femmes dans des travaux champêtres ou à la recherche de bois. Cela nous rassure un tout petit peu. Sans trop de détours, nous sommes à notre première destination en moins de trente (30) minutes malgré le mauvais état de la route.

Mika, le directeur de l’école primaire publique A du premier village

A l’entrée du village, nous constatons que le village qui s’était vidé de sa population revit ne serait-ce que timidement. Notre présence attire l’attention de n’importe quel habitant du village.

A nos gestes de salutations de la main, beaucoup répondent par un léger hochement de tête. La reconnaissance de notre guide qui est fonctionnaire dans la localité rassure certains autres. A moins d’un kilomètre de parcours à l’intérieur du village, nous sommes à l’école primaire publique A.

Des herbes fraichement nettoyées sont amoncelées dans un bac à ordures en matériaux définitifs. Une journée de salubrité vient de prendre fin et certains élèves ont déjà rejoint les salles de classe pour les cours du jour.

Les enseignants sont surpris et contents de voir l’inspecteur arrivé dans leur école. Après les présentations d’usage, le directeur de l’école est mis au courant de l’objet de notre présence. Nous prenons place dans son bureau.

Mika (nom d’emprunt pour des raisons de sécurité), puisque c’est de lui qu’il s’agit, s’ouvre à ses hôtes du jour que nous sommes. Il nous rassure de l’effectivité de la rentrée des classes depuis le 1er octobre dans l’école qu’il dirige.

Les élèves en salle, témoin que les cours ont repris dans le premier village

Pour lui, il y a l’engouement comme les rentrées scolaires normales. Pour les six (06) classes que compte l’école, il gère neuf (09) enseignants avec un total de 368 élèves déjà inscrits et présents dans les différentes classes et les inscriptions se poursuivent. Mika illustre l’engouement dans l’école qu’il dirige par des statistiques.

La seule classe de CE1 totalise 102 élèves et la classe de CP2 compte 78 élèves suivi des classes de CE2 et CP1 qui enregistrent respectivement 53 et 50 élèves. La pléthore de l’effectif de la classe de CE1 s’explique par le fait que c’est la seule classe de CE1 disponible dans tout le village.

Après nous avoir donné les statistiques, il nous permet de constater les effectifs dans les classes. Au même moment, le directeur de l’école primaire publique A reçoit la visite de son collègue de l’école primaire publique B du village. L’occasion faisant le larron, nous saisissons l’opportunité de sa présence. Il nous conduit dans son école et nous donne les détails sur le début des cours dans l’école à quatre (04) classes qu’il dirige. Dès que nous foulons le sol de la cour de cette école primaire publique, nous sentons que nous avons affaire à une école qui revient de loin. Les traces de saccage et de vandalisme sont encore perceptibles sur les bâtiments et ouvertures de l’école. C’était déjà l’heure de la récréation. Certains des élèves jouaient dans une cour d’école marécageuse récemment débarrassée de ses hautes herbes. Certains autres assis sur la bordure de l’estrade de la devanture des salles de classe profitent de l’ombre du hall en bavardant entre eux.

Nous trouvons trois (03) enseignants en train de profiter également de leur récréation sous l’ombre du seul arbre de la cour de l’école. Après les salamalecs entre nous, le directeur de l’école, Abdoulaye (nom d’emprunt pour des raisons de sécurité) nous conduit dans une salle de classe qu’il squatte comme bureau de directeur. Il nous apprend qu’il est pour le moment « un directeur d’école sans bureau ».

Dans les explications, il nous fait comprendre que l’école qu’il dirige a reçu la visite du groupe armé qui avait déguerpi le village. Lors de son passage, il n’a rien épargné de tout ce qui était périssable. « Mon bureau a été saccagé et le magasin de l’école vandalisé. Ils ont forcé les ouvertures et ont mis le feu ». C’est en ces termes que Abdoulaye a résumé le saccage de l’école B du premier village qui nous a accueilli.

Après ses explications, il nous fait visiter son bureau et le magasin qui sont pour le moment impraticables car la porte du magasin est introuvable et celle du bureau à moitié détruite. La peinture des parois des murs intérieurs des deux locaux contigus a laissé place à la noirceur de la fumée des flammes qui ont consumé la paperasse et autres biens de l’école.

Des armoires métalliques de l’établissement, il ne reste plus que les cadrans brulés sans battants. C’est dans ce décor que les cours ont repris à l’école primaire publique B.

Abdoulaye fait savoir que la réouverture de cette école était nécessaire. Il est convaincu que c’est le manque d’éducation qui a suscité ce que l’école et le village ont subi. Pour lui, si les populations sont de retour dans le village depuis un certain moment, il n’y a pas de raison que les écoles restent fermées d’où son engagement pour la reprise des cours dans l’école dont il assure la direction.

Par une résilience prononcée et prolongée, l’enseignant est sûr que tous les défis liés à la réouverture et au fonctionnement de l’école B peuvent être relevés.

Sa résilience est par ailleurs renforcée par l’engouement des parents d’élèves qui ont inscrit et qui continuent d’inscrire leurs enfants dans l’école qu’on est tenté d’appeler l’école martyr du village.

Abdoulaye, directeur de l’école B du premier village

En route vers le deuxième village : quelques kilomètres de chemin de croix dans la forêt

Après le premier village, cap sur le deuxième village déguerpi puis réinstallé. La route qui relie les deux villages est un raccourci de moins de dix (10) kilomètres que nous ne maitrisons pas. Mal nous en a pris de vouloir profiter de ce raccourci. Ces kilomètres vont se transformer en parcours du combattant pour nous. On se retrouve embourber en pleine forêt. Nos engins pataugent dans une boue argileuse. Pas question d’avancer. Nos pieds dans la boue, on se surprend à soulever nos motocyclettes pour pouvoir traverser l’obstacle.

Préoccupés par notre sort sur un sentier tortueux dont nous ignorons tout du reste du parcours, on rate le bon bout du chemin qui conduit dans le prochain village qui nous attend. Nous errons dans une brousse profonde pendant une bonne demi-heure où nous ne sommes consolés que par les chants d’oiseaux. Aucune couverture de réseaux mobiles pour pouvoir bien s’orienter.

Nos esprits sont hantés par le danger qui avait conduit au déguerpissement des villages de la localité. Mais on finit par se résigner. On poursuit notre pérégrination sans savoir réellement où nous allons. Dans notre avancée, nous tombons sur une jeune dame en pleine brousse. A notre salutation, elle répond par une langue nationale que nous ne comprenons pas.

Par le nom du village où nous voulons aller, elle comprend que nous sommes à la recherche de repère pour aller dans ce village. Par des gestes de la main, elle nous donne des indications. On avance dans la direction qu’elle nous a indiqué mais le sentier suivi nous conduit à une impasse. A cet endroit, on repère des petits bergers vers qui nous nous dirigeons. Ils hésitent d’abord avant de comprendre notre situation.

Rassurés, un d’entre eux se saisit d’un vélo qu’ils avaient pris le soin de garer en lieu sûr. Il devient notre guide circonstanciel. Il nous conduit à une piste rurale bien tracée. Le gamin d’environ dix (10) ans nous rassure que c’est la route qui mène tout droit au village où nous allons. Nous remercions notre guide de quelques minutes et nous voilà enfin dans la bonne direction vers le village en question.

En moins de dix (10) minutes de route, nous apercevons les premières maisons de notre prochain point de chute sur une colline. On patine légèrement dans un petit marigot avant d’entamer la montée de la colline vers les habitations du village. Juste avant les premières concessions, un groupe de personnes sous des arbres se mobilisent et nous stoppent par des gestes de mains. Nous comprenons la consigne. Nous marquons une halte et nous nous dirigeons vers ces gens qui nous interpellent. A notre approche, chacun d’eux se saisit d’une arme. On a affaire à un poste de Volontaires de Défense pour la Patrie (VDP). Ils reconnaissent un élément de notre équipe. Rassurés, ils baissent la garde et nous accueillent avec courtoisie. En moins de cinq minutes d’échanges, ils comprennent l’objet de notre présence dans leur village.

« Si le drapeau flotte dans la cour de l’école A, c’est que les cours ont repris dans le village« 

Après avoir montré patte blanche au poste de VDP, nous avons le feu vert pour entrer dans le village. Nous nous dirigeons vers l’école primaire publique A du deuxième village inscrit dans ordre de mission du jour. A cent (100) mètres des locaux, c’est le drapeau du Burkina Faso que nous voyons flotter au milieu de la cour de l’établissement. « Si le drapeau flotte dans la cour de l’école A, c’est que les cours ont repris dans le village », lance un des reporters à la vue du joli drapeau qui ondoie librement dans l’air.

Sans détours, nous voici au milieu de la cour de l’école primaire publique A en face du drapeau qui a retenu notre attention avant notre arrivée. Nous coupons à peine nos moteurs lorsque nous voyons un monsieur quitter une salle de classe pour se diriger vers nous avec un air bienveillant.

C’est Lamine (nom d’emprunt pour des raisons de sécurité), le directeur de l’école dans laquelle nous sommes. A distance, il a reconnu son inspecteur. Il était déjà presque midi.

Les enfants sortant des cours à midi

L’inspecteur met le directeur au parfum de l’objet de notre visite dans son école. Aux pas de course, Lamine nous fait constater l’effectivité des cours par une visite guidée des six (06) classes qui composent l’école qu’il dirige. Dans la classe de CP1, nous sommes surpris de l’effectif. « Dans la seule classe de CP1, nous avons actuellement 162 élèves et les inscriptions se poursuivent. Ce qui veut dire qu’il y a l’engouement. Et s’il y a l’engouement, ça nous rassure. C’est pourquoi, nous abordons cette rentrée scolaire avec beaucoup d’engagement et de sérénité ». C’est par ces propos que Lamine nous décrit l’ambiance de la reprise des cours dans le village où il sert.

Les cinq (05) autres classes de l’école ont des effectifs raisonnables. « Nous sommes contents de la dynamique de retour de l’école dans le village car on avait délocalisé nos classes dans le chef-lieu de la commune l’année scolaire passée. Et plus de 90% des enfants que nous tenions là-bas sont de retour dans les classes ici au village », rassure le directeur de l’école qui salue l’engagement de tous les autres acteurs pour une bonne reprise des cours dans l’école qui a manqué de cours pendant deux (02) années scolaires.

« Pour le retour de l’école ici, on sent que tout le monde est mobilisé. Les parents des enfants sont engagés. Tous les sept (07) enseignants de l’école sont présents et ont déjà débuté les cours. Le drapeau que vous voyez flotter a été offert à l’école par les VDP. Et notre hiérarchie est mobilisée pour nous offrir de bonnes conditions de reprise des cours. Vous constatez avec moi que les salles de classes ainsi que le bureau du directeur ont été repeints car certains locaux avaient reçu des flammes à l’intérieur au moment de la fermeture de l’école. On a encore besoin de mobiliers et nous avons reçu l’assurance que toutes ces doléances auront des réponses. C’est l’ensemble de ces efforts déployés par l’ensemble des acteurs qui consolident notre engagement ». C’est la traduction de la satisfaction de Lamine vis-à-vis des différents acteurs de l’éducation de la localité qu’il sert.

Lamine, directeur de l’école A du 2è village

Inspecteur à l’inspection de la CEB d’où relève l’école du village où nous sommes, Ali (Nom d’emprunt pour des raisons de sécurité) renforce la conviction du directeur de l’école. Avec l’effectif de la classe du CP1 qu’il vient de constater, il promet que l’école primaire publique B du village va aussi ouvrir ses portes dans les jours à venir pour prêter main forte à l’école A. Il rassure que toutes les classes de l’école A où les effectifs dépasseront la norme, l’école B répondra présente pour les désengorger.

Dans cette dynamique, rassure Ali, l’inspection est en train de mobiliser toutes les ressources pour que l’école primaire publique B du village puisse réouvrir ses portes dans la semaine du O7 octobre 2024. Toute chose qui a soulagé Lamine. C’est par cet heureux constat et par les promesses rassurantes de l’inspecteur Ali que nous quittons la cour de l’école primaire A du village au même moment que les élèves qui venaient d’être libérés par le son de cloche de midi de cette journée de vendredi.

Les cours ont repris à l’école primaire du troisième village de notre parcours du jour

Après le deuxième village, notre prochain point de chute, c’est le troisième village de notre parcours du jour. C’est d’ailleurs le dernier village de la CEB situé à plusieurs dizaines de kilomètres de l’inspection.

De notre position, nous devons parcourir environ une vingtaine de kilomètres pour arriver à l’école primaire publique du prochain village que nous visons. Nous demandons la direction de ce village et l’état de la route qui y mène. Après renseignements, nous nous apprêtons à bouger quand le chef VDP de la localité nous déconseille l’aventure en équipe solitaire dans une zone qui nous est inconnue. Séance tenante, il nous propose une escorte.

Deux binômes sécurisent notre parcours. Dès les premiers instants, nous abordons une traversée de forêt discontinuée à certains endroits par des champs. La rencontre de femmes à la recherche de bois de chauffe, de bergers et de quelques usagers sur notre parcours nous rassure. Nous n’avons pas le temps de parcourir cinq (05) kilomètre quand nous tombons sur un passage obligé dans un bas-fonds accidenté de toute part. C’est une sorte de réplique de nos difficultés de parcours entre les deux premiers villages. Sauf que cette fois-ci, nous sommes sur le bon chemin vers notre destination et le parcours d’obstacles est plus long et plus périlleux que le précédent. Les éléments de notre escorte maitrisent un peu le parcours. Ils nous servent de gouvernail et nous nous tirons d’affaire sans savoir ce qui nous attend dans la suite du trajet.

Comme dans les 1er et 2è village, les cours ont également repris dans le 3è village

Route caillouteuse et bosselée de toute part, nous allons à pas d’escargot. Malgré cette allure, nous n’échappons pas à de violentes secousses et à la poussière. C’est à partir des premiers postes de VDP sur notre parcours vers notre prochaine destination que nous comprenons la décision du chef VDP de nous faire escorter. Avant d’atteindre chaque poste, notre escorte donne un code à leurs collègues qui les accueillent et donnent des instructions pour la suite du trajet. En zone inconnue, il allait nous être certainement difficile de nous tirer d’affaire avec ces multiples postes de sécurité de la zone si nous n’étions pas escortés. En moins de deux heures de route, nous sommes dans le village qui était dans notre ligne de mire. Notre premier point de chute, c’est la base VDP du village. Les deux binômes qui nous escortent nous introduisent auprès de leurs collègues du village qui nous accueille. Après les salutations d’usage, ils prennent connaissance de notre mission du jour.

Dans cette base de VDP, une équipe se forme sur place pour renforcer notre escorte. Cette équipe prend le devant de la mission en direction de l’école primaire publique du village où nous tenons à constater de visu l’effectivité de la rentrée scolaire. Quelques minutes ont suffi pour arriver au sein de l’établissement. Le directeur de l’école qui était dans une des classes qui lui fait office de bureau de directeur, est surpris par la mission. Il ne fait pas sentir sa présence vu qu’il n’était pas encore l’heure de la reprise des cours de l’après-midi.

C’est à quelques pas de la salle de classe ouverte que nous apercevons un monsieur qui sort soudainement pour nous accueillir. C’est plus tard dans les échanges que nous comprenons que notre arrivée avait créé un peu de panique chez Julien (Nom d’emprunt pour des raisons de sécurité), le directeur de l’école qui n’était pas informé de notre arrivée. « J’étais là et je vois beaucoup de motos venir et certains portent des armes. Ç’a m’a un peu fait peur. C’est quand j’ai remarqué mon inspecteur que je me suis rassuré », explique le directeur de l’école à trois (03) classes.

Julien, directeur de l’école du 3è village

L’enseignant nous rassure que les cours ont bel et bien repris dans l’école qu’il dirige. Les classes ouvertes dans cette école sont le CP2, le CE2 et le CM2. Pour lui, la rentrée des classes est effective dans l’école placée sous sa responsabilité. Mais il souligne des difficultés. Il y a un manque d’enseignants. Pour les trois (03) classes ouvertes, ils ne sont que deux (02) enseignants. Il y a aussi qu’avec la suspension des cours, les anciens élèves se sont dispersés. Ce qui fait que l’engouement n’est pas à la hauteur des attentes même si, souligne Julien, les inscriptions se poursuivent. « Les choses démarrent difficilement chez nous. On a un problème d’enseignants, de mobiliers et d’infrastructures. Il y a aussi que nos anciens élèves se sont dispersés. Dans cette localité, l’orpaillage est développé et beaucoup de nos anciens élèves ont rejoint les sites pendant la période d’interruption des cours ». Julien égrène ainsi les difficultés rencontrées dans la relance des cours dans l’école à trois (03) classes qu’il dirige. Mais ces difficultés sont loin d’ébranler le moral du jeune directeur d’école qui est déterminé à donner le meilleur de lui-même pour remettre les choses sur les rails dans le village en matière d’éducation scolaire.

Son souhait est que le dossier de la normalisation de cette école soit remis sur la table de sa hiérarchie. « Tout était fin prêt pour la normalisation de notre l’école quand l’incident de l’interruption des cours est intervenu. Avec la reprise, notre souhait est qu’on parachève le processus de normalisation qui était en cours ». C’est le vœu de Julien   après la reprise des cours dans l’école primaire publique qu’il dirige.

Le début des cours dans ce village fait des heureux notamment les parents d’élèves. Un des chefs VDP de la localité nous a confié qu’une journée de salubrité est envisagée à l’école du village. Pour lui, ce geste va permettre aux enseignants et à leurs enfants de prendre les cours dans de très bonnes conditions. Après les échanges sur la rentrée des classes, l’inspecteur Ali a rassuré le directeur de l’école que le personnel de son école sera renforcé et les autres difficultés seront transmises à qui de droit pour traitement. C’est sur ces promesses que nous décidons de prendre congé de Julien. Sortant de l’entretien avec ce dernier, le ciel se montre couvert de nuages. Les VDP nous font savoir qu’en cas de pluie, à cause de l’état de la route, il va falloir dormir sur place dans le village à une centaine de kilomètres de nos rédactions à Bobo-Dioulasso d’où nous sommes partis pour une journée de mission.

Ali, inspecteur à l’inspection de la CEB d’où relèvent les trois (03) villages réinstallés

Sans tarder, nous demandons à reprendre la route vers le deuxième village de notre parcours initial. Nous voilà donc sur le chemin de retour sans trop faire attention aux obstacles de la piste. C’est dans cette course contre les nuages que le côté bas du moteur de notre monture heurte violemment une grosse pierre. Le levier de notre frein à pied se tord et lâche. Nous tentons de poursuivre dangereusement le parcours avec la même allure. On rate de peu de percuter violemment un des binômes qui assurent notre escorte. Cet incident nous ramène à un rythme de tortue. Au bout de deux heures de temps, on est de retour au deuxième village. Un mécanicien nous aide à remettre en l’état notre frein. Sous une fine pluie, nous tentons d’aborder la route de retour vers le chef-lieu de la commune dans laquelle nous avons passé toute la journée. Mais à la sortie du village dans notre élan de retour, la fine pluie se transforme en averse. Nous sommes obligés de nous abriter. C’est au moment où la nuit s’installait que nous quittions finalement le village par une voie directe sans détours pour le chef-lieu de la commune rurale que nous avons parcouru de toute la journée. Et C’est autour de 22h que nous regagnons Bobo-Dioulasso sous une légère pluie.

Mais avant de prendre congé de l’inspecteur Ali, il nous a rassuré que tout sera mis en œuvre pour que les écoles rouvertes puissent dérouler l’année scolaire dans de bonnes conditions avec les 989 élèves inscrits pour le moment. L’objectif est que la CEB puisse maintenir le cap des excellents résultats scolaires dont elle en a l’habitude dans la province du Tuy. Mais en attendant, enseignants, élèves et parents d’élèves des trois (03) villages réinstallés sont dans la résilience pour gagner ce pari de l’alphabétisation.

Abdoulaye Tiénon/Ouest Info   

La rédaction
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Ouest Info est un média en ligne basé à Bobo-Dioulasso dans la région de l’Ouest du Burkina Faso.

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