Le Réseau des organisations de la société civile intervenant sur les finances publiques (ROSC/FP) en collaboration avec le Centre d’Etudes et de Recherche Appliquée en Finances Publiques (CERA-FP) a, au cours d’une conférence de presse animée ce lundi 16 décembre 2024 à Ouagadougou, livré les conclusions de son « analyse citoyenne » du projet de loi de finance initiale 2025 de l’Etat avant l’adoption de celui-ci.
Des recettes de 3 129,8 milliards FCFA pour des dépenses évaluées à 3 593,9 milliards FCFA ; c’est ainsi que se présente le projet de loi de finance initiale 2025 de l’Etat Burkinabè.
De l’analyse citoyenne du ROSC/FP, l’on retient un déficit budgétaire de 464,1 milliards FCFA. Chose que le projet entend selon les conclusions de l’analyse, « combler par les ressources de trésorerie de l’État et l’endettement à coût raisonnable ».
Il ressort aussi de cette analyse que 33% du budget global iront dans les dépenses d’investissements prévues par les quatre (04) piliers du Plan d’action pour la stabilité et le développement (PAS-D-SD).
Ainsi, le volet refondation de l’État et de la bonne gouvernance vient en tête avec 905,00 milliards de francs CFA, soit 76 % des investissements, à en croire les conférenciers.
Le volet de la lutte contre le terrorisme et de la restauration de l’intégrité du territoire quant à lui, absorbera 20,20 milliards de francs CFA du budget soit 18,48 % contre 5,52% pour la réponse à la crise humanitaire. « Le volet de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale n’a reçu aucune somme d’investissements », regrette Hermann Doanio, secrétaire exécutif du CERA-FP.
Cependant, il fait remarquer que les dépenses en lien avec le pilier sont fondues dans d’autres catégories de dépenses non clairement définies. Tout chose qui, selon lui, ne permet pas de suivre et d’évaluer l’action gouvernementale en matière de réconciliation nationale et de cohésion sociale. Pourtant, insiste-t-il, « l’effectivité de la cohésion sociale et du bon vivre ensemble sont des conditions indispensables à l’atteinte des objectifs des trois autres piliers ».
Le budget alloué à la santé et à l’éducation non conforme
Des conclusions de l’analyse du ROSC/FP, il ressort que le budget alloué aux secteurs sociaux comme la santé et l’éducation n’est pas conforme par rapport aux conventions ratifiées par le Burkina en la matière.
En effet selon les conférenciers, la santé occupe 10,07% du budget contre 19,84% pour l’éducation. Ce qui n’est pas conforme selon eux. « Cette part budgétaire allouée à la santé n’est pas en accord avec l’engagement international ratifié par l’État burkinabè. En effet, la déclaration d’Abuja de 2001 stipule que le gouvernement de chaque Etat signataire alloue chaque année 15% de son budget national à la santé. En ce qui concerne le secteur de l’éducation, cette part budgétaire est en deçà de l’engagement du forum de Dakar de 2000 et largement en deçà de la plateforme revendicative des partenaires sociaux qui réclament 30% du budget pour l’éducation », ont-ils fait savoir.
Des recommandations formulées
Afin d’assurer une stabilité socioéconomique à long terme du pays, les conférenciers insistent sur la nécessité d’accroître les parts budgétaires allouées aux secteurs sociaux comme la santé, l’éducation, l’agriculture et la protection sociale.
Les OSC appellent aussi les autorités burkinabè à redoubler d’efforts pour aligner le budget 2025 avec les aspirations des citoyens et les objectifs de développement durable, dans un contexte où les défis sociaux et économiques sont plus pressants que jamais.
Outre la question de la protection sociale, les conférenciers ont également interpellé le gouvernement sur la nécessité d’apurer la dette intérieure du pays. Cette démarche est essentielle, selon les acteurs de la société civile, pour redynamiser l’économie burkinabè, faciliter les investissements et créer des conditions propices à la croissance durable.
Ouest Info