spot_img
spot_img
spot_img

Bobo-Dioulasso : Un ancien caissier du Trésor public poursuivi pour détournement présumé de près de 50 millions FCFA

Il est poursuivi pour deux infractions : détournement de fonds et enrichissement illicite portant sur un montant de 49 756 285 FCFA. Le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) et l’Agence judiciaire de l’État (AJE) se sont constitués parties civiles. Le ministère public a requis, lors de l’audience de ce 22 avril 2025, une peine d’emprisonnement de 11 ans et une amende de 149 268 855 FCFA, le tout ferme.

Les faits se sont déroulés entre le 18 août 2015 et le 13 août 2019. Wendkouni Désiré Kaboré était alors le guichetier principal du Trésor public à Bobo-Dioulasso. Son travail consistait à recevoir et verser dans les caisses du Trésor, des fonds en provenance des institutions publiques de la région des Hauts-Bassins. Souvent aussi des régions des Cascades, de la Boucle du Mouhoun et du Sud-Ouest. Il enregistrait ensuite les différents montants dans un logiciel spécialement conçu à cet effet. Ce système permet aux inspecteurs-vérificateurs, basés à la Direction générale, de suivre, en temps réel, l’évolution des dépôts.

Après enregistrement, une quittance est émise, à partir d’un logiciel, à l’institution qui a effectué le versement. Mais en cas de problème de connexion, une quittance manuelle est produite. Les données sont ensuite mises à jour dans le logiciel dès rétablissement de la connexion.

En août 2019, les inspecteurs-vérificateurs constatent des anomalies dans le compte de dépôts du Trésor public des Hauts-Bassins. Ils procèdent alors à un contrôle approfondi. Il y a des incohérences dans le compte de Wendkouni Désiré Kaboré. Le montant total versé dans la caisse par ce dernier est inférieur au montant renseigné dans le logiciel. Selon le procureur, qui relate les faits, Wendkouni Désiré Kaboré aurait reçu des fonds et délivré des quittances. Mais ces fonds n’ont pas été versés dans le compte du Trésor public. La somme manquante est évaluée à 49 756 285 FCFA.

Le prévenu, appelé à la barre, reconnaît les faits. Mais dans sa narration, il semble les nier. «En juin 2019, j’ai effectivement constaté un déficit dans la caisse. J’ai informé le comptable principal. Il m’a même conseillé d’éteindre puis de redémarrer la machine», espérant que la situation revienne à la normale. Selon lui, l’anomalie serait liée à un dysfonctionnement informatique. « Personnellement, je ne comprends pas. Je me pose toujours la question : où est passé l’argent ? », ajoute-t-il.

Enrichissement illicite ? Là, il ne reconnaît pas du tout les faits. “ Actuellement, je n’ai rien, Monsieur le Juge. Je suis criblé de dettes. Il y a des huissiers qui me poursuivent chaque jour”, se défend t-il.

Pour le REN-LAC, les faits sont établis. Il demande donc au tribunal de le déclarer coupable. Il estime que le prévenu a bel et bien reçu de l’argent appartenant à l’État. Et qu’il l’a utilisé à d’autres fins

L’AJE est également de cet avis : “Pendant l’audit, le prévenu avait reconnu les faits. Il a même déclaré que cela est dû à sa naïveté. Nous ne comprenons pas pourquoi il refuse de les reconnaître aujourd’hui”. L’AJE demande également au tribunal de le déclarer coupable. Et de le condamner à payer à l’Etat la somme de 49 756 285 FCFA. Et deux millions FCFA au titre des préjudices. “Si l’argent était toujours dans les caisses de l’État, il aurait produit un bénéfice de plus de 4 millions de francs de 2020 à 2025”, affirme l’AJE.

Le ministère public abonde dans le même sens. “Pendant l’enquête préliminaire, Wendkouni Désiré Kaboré avait reconnu qu’il n’a pas bien géré l’argent”, rappelle le parquet. “Il avait même affirmé avoir constaté le déficit. Et avait commencé à payer”, ajoute-t-il. Selon le ministère public, il n’y a point de doute : les faits sont constitués.

Il a donc requis à son encontre 11 ans d’emprisonnement fermes et une amende de 149 268 855 FCFA également ferme, soit le triple du montant détourné. Et il rappelle, à ce sujet, l’article 332-17 du Code pénal : “Si la valeur (du bien détourné) est supérieure à dix millions (10 000 000) de francs CFA, la peine est un emprisonnement de onze ans à vingt-un ans et une amende égale au triple de la valeur du bien détourné sans que cette amende puisse être inférieure à dix millions (10 000 000) de francs CFA.”

Le Conseil du prévenu, Paul Kéré, n’est pas d’accord avec les réquisitions du procureur. Selon lui, “la peine ne reflète pas le contenu du débat” : “Mon client n’a pas eu l’intention de détourner de l’argent. Il est actuellement sans rien. Regardez sa situation”, lance-t-il aux juges. Il demande alors au tribunal de tenir compte de certains aspects dans sa décision. “M. Kaboré n’a jamais été condamné. C’est le fils d’un militaire et il a certainement reçu une bonne éducation”, affirme-t-il.

Le tribunal a suspendu l’audience. Le verdict est attendu le 26avril prochain

Source: 24heures.bf

La rédaction
La rédaction
Ouest Info est un média en ligne basé à Bobo-Dioulasso dans la région de l’Ouest du Burkina Faso.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici
Captcha verification failed!
Le score de l'utilisateur captcha a échoué. Contactez nous s'il vous plait!

spot_img

Autres Articles

Bobo-Dioulasso : Le procureur annonce une audience foraine en matière correctionnelle et civile à Toussiana

Dans un communiqué en date du 22 avril 2025, le procureur du Faso près le Tribunal de Grande Instance de Bobo-Dioulasso, informe de la...

Burkina Faso : Des jeunes en colère mettent le feu à un maquis à Bobo-Dioulasso

Le maquis ‘’Oeil du Cyclone’’ situé à Colma a été incendié dans la nuit du lundi 21 au mardi 22 avril 2025. Pour cause, une...

Burkina Faso : L’édition 2025 de la journée mondiale de lutte contre le Paludisme sera célébrée à Bobo

L’édition 2025 de la journée mondiale de lutte contre le paludisme se tient le 25 avril comme de coutume depuis 2007. Placée sous le...

Autres Articles