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Bobo-Dioulasso : Malgré son handicap, Souhaibou Ouédraogo force l’admiration dans son école

Souhaibou Ouédraogo est en classe de terminale. Premier de classe depuis le CP1, l’adolescent de 18 ans n’a pas l’usage de ses membres inférieurs. Dans un fauteuil roulant, il défie son handicap et parvient à imposer son estime dans une école où il est physiquement différent de ses camarades. A la découverte de ce génie qui a su dompter son handicap et se forger un important capital de sympathie.

Perclus dans un fauteuil roulant, le bras droit soutenu par la main gauche, il glisse avec habileté le stylo de ses doigts de la main droite dans un cahier. Seul sur sa table, aucun mot dicté par l’enseignant n’échappe à sa vigilance. De l’explication du professeur, son attention est religieuse.

Il n’hésite pas à poser des questions pertinentes dès que des passages échappent à sa compréhension. Lui, c’est Souhaibou Ouédraogo, ce génie des salles de classe qui ne marche pas. En classe de terminale D au Lycée privée Maranatha de Bobo-Dioulasso, il suscite admiration et envie auprès de toute la communauté scolaire de cet établissement qui l’a reçu depuis sa classe de 6ème.

Saouhaibou Ouédraogo, brillant élève vivant avec un handicap

A son arrivée dans cette école, ses performances spectaculaires malgré son handicap séduisent les premiers responsables de l’établissement qui lui font bénéficier de la gratuité des frais de scolarité depuis sa classe de 4ème. Avec des moyennes qui défient les meilleures moyennes enregistrées dans les archives de l’établissement, il parvient à s’imposer à ses camarades comme un ‘’génie du bic, des cahiers et de la craie’’. Après le BEPC, l’adolescent de 18 ans est face à un dilemme. La classe de seconde est à l’étage. Que faire ? Son exemplarité et sa résilience poussent les responsables de l’école à délocaliser la classe pour la lui rendre accessible. Souhaibou Ouédraogo aligne sans repis des performances à la limite inégalée. En terminale pour l’année scolaire 2022-2023, le lycée a érigé une rampe d’accès à la salle de classe pour l’élève impotent.

« L’informatique est le métier qui convient le mieux à mon handicap »

« Je promets le baccalauréat avec au moins la mention très bien », c’est le défi que Souhaibou Ouédraogo s’est lancé pour la session du baccalauréat 2023 dont il est candidat. Optimiste, l’adolescent au regard expressif et au ton bien posé a déjà une idée de son métier de rêve. Devenir informaticien. Le choix n’est pas fortuit. « L’informatique est le métier qui convient le mieux à mon handicap. C’est pourquoi je veux devenir informaticien », fait-il savoir. 

Pour ce brillant élève, « Ce n’est pas parce qu’on est physiquement handicapé qu’on l’est aussi intellectuellement. Pour moi, le handicap physique n’est pas une fatalité ». Interrogé sur ses conditions d’étude au lycée privé Maranatha, l’élève en situation de handicap ne s’en plaint pas. « Vraiment, je suis très bien traité ici au lycée. Je bénéficie de la gratuité des frais de scolarité depuis le post-primaire. Pour ma classe de 2nde, compte tenu de mon état, l’établissement a fait quitter la classe à l’étage pour le rez-de-chaussée. Cette année encore, l’école a érigé une rampe d’accès à la salle de classe pour moi. Je bénéficie vraiment d’une attention particulière dans cette école du côté de la direction, de l’administration comme des enseignants », apprécie Souhaibou Ouédraogo. Un soutien qui lui conforte et lui donne le moral de pouvoir produire des résultats exemplaires.

Souhaibou Ouédraogo prend le cours de SVT

Souhaibou, un élève brillant malgré son handicap

Un témoignage que confirme son professeur de Sciences de la Vie et de la Terre (SVT), Moussa Zèba que nous avons trouvé en plein cours. « Souhaibou est vraiment un élève très discipliné. Il suit bien les cours et quand il ne comprend pas quelque chose, il pose des questions pertinentes. Ce qui fait qu’en faisant le cours, j’ai toujours eu une attention particulière à son égard. C’est un enfant qui mérite un accompagnement particulier après le baccalauréat car avec son niveau, il a un bel avenir et ce sera certainement au profit du pays », commente Moussa Zèba.

Proviseur du Lycée privé Maranatha, Jonathan Sangaré n’est pas indifférent aux performances de Souhaibou Ouédraogo. C’est ce qui justifie selon lui l’exonération des frais de scolarité dont il bénéficie de la part de l’établissement. « En plus de la scolarité, le lycée essaie aussi de créer des conditions taillées sur ses mesures pour qu’il puisse maintenir le cap. Souhaibou est un excellent élève discipliné qui mérite plus d’accompagnement pour qu’il demeure meilleur », témoigne Jonathan Sangaré.

Pour Souhaibou, ses camarades élèves lui sont aussi d’un important soutien. Dans sa classe, il a au moins trois camarades sur qui il peut compter pour ses mouvements à tout moment. Pour sortir de la classe comme pour rentrer ou pour ses besoins. « J’ai des camarades qui m’aident à tout faire ici à l’école. Dans ma classe il y a au moins trois qui sont disponibles pour tous mes mouvements. Ils me sont vraiment solidaires. Je leur dis infiniment merci », affirme l’élève qui est visiblement fier de ses camarades dont il ne manque pas de vanter l’altruisme.

Badolo Moussa et Bado Abdoul Moubarasse sont de ses camarades qui lui portent assistance. Pour ces deux élèves, Souhaibou est très intelligent et humble. Malgré sa situation de handicap, il est toujours prêt à partager ce qu’il a et ce qu’il sait, disent-ils. « Une telle personne mérite qu’on réponde toujours présent quand il est dans le besoin. C’est pourquoi, nous l’aidons à faire tout ce qu’il veut », Badolo Moussa justifie-t-il son engagement aux côté de Souhaibou qui est selon lui un modèle d’humilité et de résilience qui doit inspirer.

Vivant à plus de deux kilomètres de l’école dans une zone en plein aménagement, Souhaibou Ouédraogo doit compter sur la fidélité de son ami d’enfance Tago Patrice en classe de 1ère dans le même établissement pour espérer être à l’heure à l’école les matins et les soirs. « On est ensemble depuis que nous étions tout petit. Nous avons grandi ensemble et notre amitié est aujourd’hui une fraternité. Je suis toujours présent pour l’assister quand il le veut. Je l’amène à l’école et le ramène tous les jours. Nos emplois du temps ne coïncident pas toujours. Mais les soirs où je n’ai pas cours, je le conduis à l’école et je repars le chercher après les classes », témoigne son ami d’enfance.

Ce dernier loue les qualités de celui qu’il assiste. Il fait remarquer que Souhaibou Ouédraogo est d’une intelligence incroyable. « Quand j’ai des choses que je ne comprends pas à l’école, il me les explique avec tellement d’aisance que je comprends facilement. A la sortie des classes souvent, je suis obligé de l’attendre une trentaine de minutes ou même plus à cause de ses camarades qui le retiennent pour des explications », explique Tago Patrice.

Souhaibou Ouédraogo aidé par ses deux camarades de classe pour ses besoins

Le sort des études universitaires de Souhaibou inquiète déjà sa mère

Ramata Ouédraogo est la mère de Souhaibou Ouédraogo. Elle est fière de son enfant qui assume sa condition physique. Elle explique ce qui lui est mystérieusement arrivé depuis sa tendre enfance. « Quand il est né, tout allait bien jusqu’à l’âge de deux ans. Un jour, il s’est tenu debout mais n’a pu effectuer un seul pas et il s’est rassis. Depuis ce jour, il ne s’est plus jamais relevé. Nous avons passé plusieurs mois à l’hôpital pour le soigner mais en vain. Depuis le décès de son père, c’est moi qui fait tout pour lui quand il est à la maison », explique la mère de Souhaibou presqu’au bord des larmes. La fierté qu’elle entretient à l’égard du dernier né d’une fratrie de quatre enfants, c’est le sérieux dont il fait montre dans tout ce qu’il fait à l’école comme à la maison. « Vraiment je suis très fière de Souhaibou. Au lieu d’être pour moi une charge encombrante, il est pour moi une gloire car il fait des merveilles à l’école. A la maison aussi, il est sérieux et tranquille », se réjoui la mère du brillant élève.

Du haut de sa satisfaction pour fils, Dame Ouédraogo pense déjà à ses études universitaires après le baccalauréat. Sans moyens conséquents, comment soutenir son enfant pour la suite de ses études ? C’est la question qui taraude l’esprit de la quinquagénaire.

Par-dessus tout, Souhaibou Ouédraogo est un bel exemple de résilience face au destin qui ne lui a pas donné la même chance que les autres enfants de son âge. Il entend défier tout obstacle pour se faire une place au soleil et participer au développement de son beau pays le Burkina Faso qu’il dit aimer sans réserve.

Abdoulaye Tiénon/Ouest Info

La rédaction
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Ouest Info est un média en ligne basé à Bobo-Dioulasso dans la région de l’Ouest du Burkina Faso.

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