spot_img
spot_img
spot_img

Assises criminelles de la cour d’appel de Bobo: Une audience contre « des pratiques culturelles »

Le premier dossier en jugement ce mercredi 12 janvier 2022 au Tribunal de grande instance de Dédougou est relatif à un cas d’enlèvement de mineure qui a malheureusement tourné au drame. S.J, la jeune fille que BN et BL ont enlevée ou fait enlever dans l’espoir d’en faire une conjointe du premier, s’est suicidée. Comparaissant pour des faits d’enlèvement de mineure ayant entrainé la mort de la victime, les accusés ont été reconnus coupables des faits par le tribunal et condamnés en effet à une peine d’emprisonnement de 15 ans fermes. Ces procès se tiennent dans le cadre des assises criminelles de la chambre criminelle de la cour d’appel de Bobo-Dioulasso.

La mort par pendaison de SJ, une jeune fille âgée de 17 ans au moment des faits, a un lien avec son enlèvement suivi de sa déportation dans un autre village au motif de l’éloigner de ses parents, a souligné en substance le procureur dans son réquisitoire.

Ainsi, BN et BL ont comparu pour des faits d’enlèvement de mineure ayant occasionné la mort de celle-ci. Les faits remontent à septembre 2019 et se sont déroulés à Tikan, village situé dans la commune rurale de Tchiériba dans la province du Mouhoun.

Les événements ont eu lieu dans la nuit du 03 au 04 septembre 2019 à l’occasion d’une soirée dansante. SJ, en compagnie d’autres filles, regagnait le domicile familial après la soirée.

En cours de route, elle est interceptée puis enlevée par des jeunes hommes selon les explications de BL qui précise que tous ceux qui ont pris part à l’enlèvement sont des amis de BN dont lui-même. « L’enlèvement devrait aboutir à un mariage entre SJ et moi », a laissé entendre BN considéré comme le bénéficiaire de l’action.

Selon certains témoignages au procès, l’enlèvement de jeunes filles pour en faire une conjointe est une pratique culturelle dans le milieu social de l’accusé et de la victime. Les accusés et les témoins n’ont d’ailleurs reconnu le terme « enlèvement » pour qualifier la pratique. Ces derniers préfèrent le terme « attraper » à celui « d’enlèvement ».

Se saisissant de ces explications, les avocats de la défense ont estimé qu’on devrait plutôt parler de procès contre des pratiques coutumières et culturelles du milieu social des accusés et non un procès contre des individus qui ont agi conformément à la société dans laquelle « ils ont été moulés ». Selon eux, le mobile de leurs clients n’était pas de tuer.

Après le rapt de la fille contre la volonté de sa mère, celle-ci s’est rendue sur les lieux de sa séquestration pour exiger sa libération. Hélas, non seulement elle n’aura pas accès à sa fille qui était enfermée à clé dans la maison de celui qui avait fait l’enlèvement, mais elle sera aussi brutalisée par les ravisseurs de son enfant. Selon les témoignages, c’est par la fenêtre qu’elle a pu échanger avec SJ qui pleurait.

Malgré l’intervention de la famille des kidnappeurs, en l’occurrence le père de BN pour demander que la fille soit remise à ses parents, ces derniers n’accèderont pas à la requête. Ils décident de transporter la fille dans un autre village chez une de leurs connaissances.

Une fois dans ce village, SJ a profité de la baisse de la garde de ses hôtes à son égard pour se pendre dans une maison à l’aide de « son foulard ».

Selon le procureur, la victime s’est donné la mort pour échapper à ses ravisseurs après son enlèvement suivi de son déplacement. Mais ces derniers, tout en reconnaissant les faits qui leur sont reprochés, regrettent ce qui s’est passé puisqu’ils disent n’avoir jamais imaginé que la situation allait tourner au pire.

Le ministère public a souhaité que les prévenus soient lourdement sanctionnés en requérant une peine d’emprisonnement de 20 ans fermes contre chacun.

Le tribunal, quant à lui, a évoqué le jeune âge des prévenus (BL : 24 ans ; BN : 23 ans) et a prononcé la peine de 15 ans fermes contre chacun d’eux avec la possibilité d’interjeter appel dans les 15 jours suivant la prise de cette décision. 

Larry King Du succès/correspondant à Dédougou

La rédaction
La rédaction
Ouest Info est un média en ligne basé à Bobo-Dioulasso dans la région de l’Ouest du Burkina Faso.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici
Captcha verification failed!
Le score de l'utilisateur captcha a échoué. Contactez nous s'il vous plait!

spot_img

Autres Articles

Bobo Dioulasso : L’arrondissement 5 tient sa 3ème session ordinaire de l’année

La délégation spéciale de l'arrondissement 5 de Bobo Dioulasso tient sa 3ème session ordinaire de l'année 2024 les 18 et 19 septembre. Les travaux...

Mouloud 2024 à Bobo : Le CCGT a prié pour la paix au Burkina

Le Comité culturel de la génération des trois testaments (CCGT) a célébré Maouloud à travers un prêche le dimanche 15 septembre 2024 au secteur...

Tournoi de la cohésion sociale à Bobo : Coup de sifflet final de la 3è édition

La 3ème édition du tournoi de la cohésion sociale a connu son épilogue dans la soirée du samedi 14 septembre 2024. Organisé par l'Amicale...

Autres Articles