Les grandes funérailles ou Sangaba, fête annuelle des bôbô madarê, battent leur plein depuis le 14 avril 2024 et ce, jusqu’au 18 avril prochain. Cet évènement à caractère festif, revêt d’une importance capitale pour cette communauté, jalouse de sa tradition.
Chez les bôbô Mandarê de Dioulassobâ, les grandes funérailles sont au cœur de l’univers des pratiques cultuelles. Elles rythment cette société et sont considérées comme des rites péremptoires permettant au défunt d’accéder au royaume des morts et de siéger auprès des ancêtres.
Elles sont, selon Seydou Sanou, personne ressource de la chefferie coutumière de Dioulassobâ, essentiellement réservées aux personnes d’une certaine classe sociale et d’un certain âge. « Les grandes funérailles chez les Bôbô sont célébrées lors des décès des grandes personnes. Mais pas toutes les personnes âgées. C’est précisément les notables comme les chefs de village, les chefs des initiés qu’on appelle « Yèlèbô » », fait-t-il savoir.
Ce que représentent ces festivités
Pour Seydou Sanou, les grandes funérailles revêtent une grande symbolique chez les bôbô madarê. Elles sont selon lui, des instants de prières et d’adoration en vue d’accompagner les âmes des défunts au royaume des ancêtres.
« Les grandes funérailles chez nous les bôbô, ce sont des moments de prières pour le repos des âmes de nos disparus. Ces jours pour nous, ce sont des pleurs. D’aucun ont perdu leur père, d’autres leurs mères ou grand-père. Les grandes funérailles nous permettent donc d’avoir une pensée pieuse pour ces dernières », relate-t-il cette tradition devenue une fête qui draine du monde chaque année.
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Une tradition du reste, précieusement conservée et transmise de génération en génération et « qui fait aujourd’hui la fierté de ce peuple ».
Au-delà des masques…
Si la sortie des masques qui s’accompagne de la musique du terroir offre une dimension ludique et festive aux grandes funérailles, il n’en demeure pas moins qu’elles revêtent également un contenu très sacré non accessible à tous.
« A l’occasion, nous immolons des poules sur des fétiches pour implorer les dieux pour que ceux qui ont été retirés de notre affection aient un repos éternel. Il y a beaucoup de choses à l’intérieur mais malheureusement, je ne peux pas en dire plus au risque de trahir la parole donnée », affirme-t-il.
Du reste, ces funérailles annuelles se fêtent selon lui, pendant la saison sèche, moment idéal pour les retrouvailles et de raffermissement des liens. Elles occupent donc une place prépondérante au sein de cette communauté.
En rappel, les bôbô-madarê seraient venus de l’empire du Mali pour s’installer dans le grand Ouest du Burkina Faso. C’est au 18ème siècle qu’ils ont créés le « Molo ta Kolo » ou royaume de Molo Sanou afin d’être une communauté unie pour se protéger contre les enlèvements esclavagistes et surtout pour sécuriser les routes commerciales.
Ce royaume avait pour capital Sya, pseudonyme attribué aujourd’hui à la ville de Bobo-Dioulasso, fief des bôbô et de leurs cousins immédiats, les Bwaba et Bwa.
Diakalia Siri/Ouest Info