« L’institut Français du Burkina Faso (Ouaga et Bobo) restera fermé au public jusqu’à nouvel ordre ». Ainsi en a décidé la direction de ce centre.
Cette décision qui fait suite aux actes de vandalisme et de saccage dont a été victime l’institut le samedi 1er octobre 2022 par des manifestants n’est pas sans conséquence sur la culture et les artistes dont la promotion et la valorisation en dépendent en grande partie.
C’est du moins de l’avis de Diafodé Kaba Alexandre Diakité, producteur d’artistes et promoteur de spectacles. « Je ne sais pas qui a envoyé cette idée de s’attaquer à l’institut français mais c’est un coup dur pour la culture et les artistes de Bobo-Dioulasso et du Burkina Faso en général», déplore-t-il.
« Un lieu idéal pour la promotion de la culture et des artistes«
L’importance de ce centre, pour cet homme qui a fréquenté l’institut français de Bobo-Dioulasso depuis ses années d’écolier et qui continue de le fréquenter, n’est plus à démontrer.
« Il faut être du domaine de la culture pour connaître le rôle de l’institut français dans le développement culturel et la promotion des artistes de Bobo et Burkinabè de façon générale. Il ne faut pas se voiler la face, l’institut français, ce n’est pas seulement une bibliothèque. C’est aussi une salle de ciné, une salle de conférence, une salle de spectacles, un jardin ouvert à tout type d’activités libre d’expression (où la liberté d’expression est prônée). L’institut français est l’une des salles à Bobo-Dioulasso où, pour des spectacles, on peut trouver de la bonne sonorisation et de la bonne lumière. Souvent nous y avons accès sans débourser le moindre centime, souvent même avec une subvention à l’appui. Les sons tout comme la lumière de l’institut français répondent aux normes, comparativement à la maison de la culture de Bobo-Dioulasso où il y a un problème d’acoustique. C’est vrai que c’est une petite salle de 400 places, mais ç’a toutes les commodités pour faire un spectacle professionnel. C’est aussi un lieu où les artistes de Bobo font des résidences de créations », indique Diakité qui regrette cependant que les manifestants n’aient pas su faire la différence entre l’institut français, centre de promotion culturel et de la liberté d’expression à un lieu qui fait la promotion de la politique française au Burkina Faso.
« Combien d’artistes engagés Burkinabè ou Africains prestent à l’institut Français pour dénoncer la France-Afrique ? L’institut français, ce n’est pas pour la France ; mais pour nous. Si toutefois la France décide de quitter le Burkina Faso, elle n’ira pas avec ce centre. C’est un acquis pour nous et ce qu’elle nous offre comme opportunités, nos structures publiques ne le font pas. L’institut français c’est aussi un centre culturel qui accompagne financièrement les artistes dans leurs créations sans oublier qu’il peut ouvrir les portes du monde à un artiste. Combien de structures de nos pays peuvent le faire ? » S’offusque Kaba Alexandre Diakité pour qui, il va falloir que les uns et les autres sachent raison garder lors des manifestations.
« Je suis désolé que les gens confondent la politique française en Afrique au centre culturel français qui profite plus aux acteurs culturels de notre pays. Bamako a été plus radical dans la lutte contre la politique française dans leur pays. Mais jamais, l’institut français, situé à un pas des lieux de rassemblement des manifestants n’a jamais été vandalisé. Tout a été dit à l’encontre de la France, mais jamais, ils n’ont été tentés de vandaliser l’IF » regrette Diakité qui pense que les Burkinabè doivent revoir leur manière de manifester.
« Un vrai coup dur… «
Tout comme Diakité, François Moïse Bamba, ce conteur international « révélé au monde grâce à l’institut français », s’est aussi indigné que les manifestants s’en soient pris à ce centre. « Même temporaire, la fermeture de l’institut français est un coup dur pour les acteurs culturels que nous sommes » a-t-il appuyé.
Pour lui, « il y a vraiment de l’éducation à faire pendant ces moments de troubles ou n’importe qui s’octroie un pouvoir de meneur et á commettre des actes irréfléchis ».
En attendant éventuellement l’ouverture prochaine de l’institut français de Bobo-Dioulasso, ce sont plusieurs spectacles qui sont ajournés.
Jack Koné